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Critique de Madamedub


Héloïse est chauve.

Court et frappant, le titre du dernier roman d'Emilie de Turckheim en est aussi la première phrase, début d'un premier chapitre drôle et décapant dans lequel toute la suite du récit est inscrite.

Héloïse en est l'héroïne : bébé, petite fille, femme, on la suit tout au long de sa vie, point central autour duquel gravite toute sa constellation familiale. Un groupe haut en couleur, éclectique et bancal mais soudé grâce à (à cause de …?) un lien puissant et indéfectible entre Héloïse et le Dr Lawrence Calvagh. Un homme marié, qu'ont déjà aimé sa mère, sa tante et d'autres, son aîné de près de 40 ans.

Héloïse fera ce qu'elle voudra, ira où bon lui semble et ne laissera rien ni personne entraver ses désirs. Quitte à en souffrir bien entendu, et à faire souffrir les autres. Mais pas intentionnellement en tout cas ; on ne décèle chez elle aucune méchanceté ni mesquinerie, juste la marque d'un esprit totalement libre. Un caractère bien trempé comme on dit, une personnalité forte et qui ose tout, y compris tomber amoureuse et choisir l'homme de sa vie à l'âge des petits pots et des couches culottes !

S'ouvre alors une relation pour le moins atypique, tant par le nombre des années qui sépare ses deux parties et le (très) jeune âge de la demoiselle, mais aussi et surtout par les relations passées ou présentes terriblement complexes qui unissent déjà l'Elu à l'ensemble de la parentèle féminine d'Héloïse.

Qui est Lawrence Calvagh ? Infidèle ? Inconstant ? Indécis ? Celui qui est l'autre héros de l'histoire sera-t-il pour Héloïse un bourreau ou le jouet de ses caprices de petite fille, puis de femme ?

Et comment Les Autres, quels qu'ils soient, pourront-ils accepter, dépasser cette relation, se construire avec elle, malgré elle ?

Complexe, cet écheveau de relations n'en est pas moins captivant, mais c'est surtout grâce au style, percutant et saccadé d'Emilie de Turckheim qu'on est happé par cette histoire. L'art de dire beaucoup en peu de mots, la manière pour « cacher » des rebondissements, des ellipses, derrière un enchaînement de phrases courtes à la simplicité confondante.

Il y a beaucoup d'elle-même dans cette écriture : jeune femme dynamique, souriante, visiteuse de prison très investie, maman aussi, Emilie de Turckheim écrit par ailleurs des scénarios pour la télévision.

De là vient sûrement son talent pour les récits imagés, dans lesquels on entre très facilement mais qui ne manquent pas de surprises. Si ses mots sont directs, parfois crus, c'est parce que l'histoire, ou le personnage l'impose. Pas de trash à outrance, juste un style qui colle parfaitement à son protagoniste, comme si les termes choisis l'incarnaient littéralement.

A lire justement, son précédent roman sorti en 2010, le joli mois de mai, dont la trame n'avait rien de commun avec celui-ci mais où l'on retrouve des personnages décalés, un humour décapant, et où on ne voit rien venir !

Lors d'une rencontre peu après la sortie de ce dernier, elle nous confiait écrire de manière intuitive et n'avoir pas d'à priori sur ses personnages. Accessible, ouverte au partage comme au débat, elle nous avait parlé de son prochain roman en cours d'écriture.

L'intrigue ? Pas encore définie.

Mais le premier chapitre était déjà écrit, et c'était son socle : presque mot pour mot celui qui figure aujourd'hui dans le livre. Une vraie accroche, un début mené tambour battant et plein de vie, comme sa jeune héroïne à peine née. On en regretterait presque que tout le livre ne garde pas le même rythme (ou peut-être qu'il s'assagit en vieillissant avec Héloïse ?).

Un titre ? « Oui, il va plaire à mon éditrice : Héloïse est chauve ! »

Qui a dit que les auteurs n'avaient pas de reconnaissance ?

S.L
Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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