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Critique de magielivres


Fleur de roche de Ilaria Tuti, très beau livre, un récit prenant et poignant. Cela fait un moment que je voulais le lire, je suis heureuse de l'avoir fait.

Juin 1915, la guerre fait rage, dans le Frioul italien, les soldats alpins face aux autrichiens, surnommés les diables blancs. Plus d'hommes valides à Timau, il ne reste plus que des louves exténuées, des louveteaux affamés et des invalides cloîtrés dans leur maison. Si, il y en a un, Francesco, mais intouchable. Un officier s'invite dans l'église et demande des bras pour assurer la liaison, entre les dépôts de la vallée et la zone de la Carnie. le prêtre Don Nereo, hésite, il n'y a pas de voies carrossables menant aux contreforts, ni de sentiers pour les mulets. Il faut escalader ces versants impitoyables pendant des heures et le faire sous les obus.

A la tombée de la nuit, Agata, Lucia, Viola, Caterina, Maria, se réunissent et décident de répondre à cet appel à l'aide, personne d'autre ne le fera et ces pauvres soldats mourront de faim. Elles ont des enfants, des parents alités et une lire cinquante par voyage seront les bienvenus. Aux premières lueurs du jour, elles se présentent munies de leur hotte, aussi vide que leur ventre. Leur tenue : le mouchoir noué dans le cou, les chemises aux manches retroussées, les jupes et jupons superposés, les pelotes de laine qui dépassent des poches du tablier et puis les souliers, les scarpetz traditionnels faits d'un velours noir brodé très léger.

« Nous sommes sur le point de gravir une paroi verticale où se déroule un rituel sanglant, comme lors de l'abattage des cochons avant l'hiver, et nous le faisons comme ces montagnes nous l'ont enseigné. »

Pour la première fois de leur histoire, les hottes qu'elles utilisent depuis des siècles pour porter les nouveaux nés, les trousseaux des jeunes mariées, la nourriture, le bois, vont accueillir des instruments de mort : grenades, munitions, armes, de la balistite et des poudres mais aussi des vivres, des lettres. Elles sont tellement lourdes que les bretelles blessent les épaules. 16 km de lignes de crêtes, avec un dénivelé de mille deux cent mètres d'une montée tendue face à l'abîme.

Ce récit s'inspire de faits et de personnages réels, Ilaria Tuti, nous parle de ces porteuses, qui sous les tirs, la neige, ont soutenu leur armée, commandé par le capitaine Colman, un homme exemplaire. Il était secondé par le médecin Janes. Elles portaient des charges énormes de munitions, de ravitaillement. A la descente, elles ramenaient les blessés, les morts, les vêtements. Elles le faisaient chaque jour, au péril de leur vie. Avec Agata, nous découvrons les conditions précaires des habitants, la peur de l'avenir, mais l'amitié, l'entraide, l'amour de leur pays, les pousse au sacrifice et aux limites de leur douleur. Nous ferons la connaissance d'Ismar, un tireur d'élite, un soldat ennemi blessé, qui fera réfléchir Agata, sur le sens de la guerre.

Un roman magnifique que je vous conseille, les personnages sont sublimes et parfaitement décrits, une montagne grandiose, un géant de pierre, qu'il faut respecter et dompter. Un coup de coeur, pour ces femmes fortes, simples, mais d'une force morale extraordinaire.
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