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Critique de spleen


Peu à peu, les exploits de femmes remarquables font l'objet de récits qui les sortent enfin de l'ombre , et c'est tant mieux.

En 1915, le conflit entre l'Italie et l'Empire austro-hongrois s'étend dans la région montagneuse du Frioul et les combats font rage.
Un officier fait une demande pressante auprès des femmes du petit village de Timau, près de la frontière autrichienne pour apporter des vivres et des munitions aux différents campements dans la montagne.

Agata, Viola, Lucia, Maria, Caterina et les autres , chargent leurs hottes et grimpent livrer le matériel aux soldats.
Les trajets deviennent quotidiens, montant équipements, explosifs, lettres et descendant linge sale et même les corps des soldats pour leur offrir une sépulture décente dans le cimetière du village, tombes qu'elles creusent elles-mêmes.
Entre temps, elles se consacrent à leurs tâches habituelles : enfants, parents malades, travaux des champs et soins aux bêtes ...

Leur courage et leur endurance font l'admiration des officiers et des soldats et elles sont surnommées " les porteuses ".

Au sein de ce véridique épisode Ilaria Tuti a inséré l'histoire romancée d'Agata , une jeune femme célibataire, lettrée , qui devient amie avec le commandant de la compagnie qui la traite rapidement en égale , elle met par ailleurs sa vie en péril par conviction pacifiste acquise lors des chocs vécus sur le champ de bataille et ses lignes arrières .

Elle aime les mots et les livres et transforme parfois la violence des combats , l'effoi des blessés et la froideur de la mort en poèmes épiques, une illusion qu'elle offre à son père mourant et à elle-même pour supporter l'indicible et repousser le désespoir.

Ilaria Tuti fait une description sobre mais suffisamment précise des tranchées, des champs de batailles, des combats, des interrogations des officiers devant la barbarie et devant certains ordres discutables venus des hautes autorités .
Comment peut-on rester humain, comment peut-on imaginer revenir à une vie dite normale ?

Et la colère d'Agata prend parfois le pas devant les décisions absurdes des hauts gradés , que reste-t'il en dehors de l'honneur ?

"Brisez vos fusils, rentrez chez vous . Que les lames servent à retourner la terre et que les mains des hommes caressent les joues des enfants et des femmes amoureuses , si fatiguées de tenir sur leurs épaules le poids d'un conflit. "

Son récit est illuminé par la beauté de la nature à travers les différentes saisons , une antinomie entre la noirceur de la guerre et le cycle immuable de la vie.

"La nature palpite de vie, continue de germer et d'engrosser des ventres, tandis que l'homme succombe à son frère. L'aujourd'hui semble être dans l'ignorance de soi. "

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