AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de chartel


Après les histoires don quichotesques de Tom Sawyer dans son village de Saint Petersburg, j'ai poursuivi la découverte de l'Amérique rurale du milieu du XIXe siècle, dans une région médiane située entre une côte Est tournée vers le modernisme européen, un Ouest des grands espaces sauvages, terres des Indiens, des pionniers et des chercheurs d'or, entre un Nord abolitionniste et un Sud archaïque et raciste, par "Les Aventures d'Huckleberry Finn (le camarade de Tom Sawyer)".
Cette fois-ci, Tom Sawyer s'efface au profit du jeune Huckleberry Finn, orphelin de mère et autonome avant l'âge du fait des absences et des inconséquences d'un père alcoolique.
La grande réussite de ce roman provient du choix fait par Mark Twain d'une narration à la première personne par le principal protagoniste de l'histoire, Huck Finn, qui nous raconte ses nombreuses aventures ayant pour origine une envie folle de s'échapper d'un univers adulte trop rigoriste, celui des vieilles dévotes du village à l'esprit philanthropique, et trop autoritaire et égoïste, celui du père réapparu depuis qu'Huck a eu la bonne fortune de toucher un pactole (voir la fin des aventures de Tom Sawyer).
Rien de bien original me direz-vous ? Oui, mais parce que je n'ai pas encore fait référence à la langue du narrateur : populaire, familière et vulgaire, influencée par les patois et dialectes locaux et qui serait qualifiée d'incorrecte par les maîtres d'école. Seule cette langue pouvait coller à l'esprit d'un enfant ayant très peu fréquenté l'école et qui maîtrise bien plus l'art de la pêche et de la chasse que celui des mathématiques et de la littérature.
Huck s'échappe donc pour conserver sa liberté. Il sera vite accompagné par un adulte, l'esclave Jim, qui cherche, lui aussi, à fuir sa privation de liberté. Leur périple vers le Sud le long du Mississippi est l'occasion de nombreuses rencontres avec une société naïve et parfois quelque peu innocente, proie facile pour les prédicateurs, charlatans en tout genre et diseurs de bonne aventure. On y croise de nombreux personnages encore paralysés par les peurs religieuses (pour les Blancs) ou chamaniques (pour les Noirs), et on reste saisi par l'enracinement lourd et terrifiant du racisme des Blancs vis-à-vis des Noirs. Ces derniers n'ont pas plus de valeurs qu'un objet ou une bête, et on peut même jouer avec eux, comme l'on peut lancer une balle à un chien ou tendre de l'avoine à un cheval. On comprend pourquoi, aujourd'hui encore aux Etats-Unis, les rapports entre ces deux communautés sont difficiles et que l'élection de Barak Obama en novembre 2008 peut être qualifiée d'événement historique.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}