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Critique de florencem


Ce sera le clap de fin pour moi et mon aventure avec la Passeuse de mots. J'en suis la première attristée, car j'avais adoré le premier tome, mais je n'accroche plus à nos héros, ni à l'intrigue, et je ne vais pas poursuivre, juste pour poursuivre. Je lirais probablement les critiques des prochains tomes par curiosité, mais ce sera tout. Je sais que les auteurs ont une large communauté qui les soutient énormément, donc je ne me fais pas de souci pour la suite, et je leur souhaite de pouvoir conclure leur saga comme ils le souhaitent, vraiment. Je suis contente d'avoir fait partie de l'aventure, et même si je suis déçue de ne pas avoir aimé ce tome, je ne ferme pas cette page avec un sentiment négatif, loin de là.

J'ai su très vite dans ma lecture que je n'allais pas accrocher. Trop d'émotions. Tout le temps. Et cela finit par nous drainer toute notre énergie. Comme si nous étions en psychanalyse très poussée. Je n'ai rien contre à petite dose, car cela nous permet de mieux appréhender les personnages et de donner du sens à leurs actions, mais ici, cela concerne les trois-quarts du roman. Et il y a un manque d'action cruel qui s'en fait ressentir. Alors, oui, le tout est très bien écrit, c'est poétique, les auteurs jouent avec la langue française comme je l'ai rarement vu, mais pour moi, c'est épuisant et ennuyant. Trop long, trop lourd, trop... tout. Et parfois, il y a aussi ce côté très théâtrale, grandiloquent qui fait que les personnages semblent inatteignables. Leurs émotions sont exacerbées encore et encore. Et alors qu'au tout début, je me sentais proche d'Arya, Killian et Alric, le faussé s'est creusé de plus en plus, et j'ai fini par être une spectatrice lointaine avec nos héros.

Trop introspectif. C'est ce qui ressort donc. Pour un troisième tome et alors que le grand méchant de la saga était enfin révélé, je m'attendais à de l'action. A une prise en main de la situation, une contre-attaque. Mais, c'était plutôt une fuite en avant. Je n'ai pas compris certains choix de notre héroïne qui m'a souvent donné l'impression d'être une martyre qui subissait encore et encore. le côté trop épique ou chevaleresque d'Arya finit par mettre de la distance, autant avec le lecteur qu'avec ses compagnons. Il n'y a pas vraiment de communication, ce qui est assez contradictoire avec l'introspection pour moi. Nos héros viennent de subir une grande épreuve, mais personne ne met des mots dessus (un comble), on préfère internaliser quitte à ce que cela ait un effet négatif sur le groupe. Arya analyse tout, et a ce rôle de narrateur omniscient qui finit par lui donner une aura supérieure (et ce n'est pas dans le bon sens du terme). Elle ne peut pas savoir ce que les autres ressentent, elle le devine plus ou moins, et pourtant il y a de la certitude dans ses propos, et je ne sais pas... c'est parfois malaisant. Sans compter les analyses d'événements passés. Vraiment, je n'ai pas eu l'impression d'avancer, mais de reculer. Et c'est dommage, car comme je le disais plus tôt, je m'attendais à plus.

D'ailleurs cet effet est accentué par de la répétition. J'ai eu l'impression de revivre des événements passés, avec le même schéma : héros pourchassés qui trouvent asile pour dans une contrée plus ou moins cachée. le point de rupture a été le revers qu'Arya subit à un moment du roman et qui prend un bon tiers de l'histoire. Si je m'étais ennuyée avant, à partir de ce moment-là, cela a été pire. Et même avec du recul, je n'arrive pas à voir ce que cette expérience a pu ajouter à l'intrigue. Si toute cette partie n'avait pas existée, nous en serions au même point. Les points du vue alternés étaient à première vue une bonne idée, mais là encore, à part développer un peu la romance entre Alric et Reina... Romance plutôt sympathique d'ailleurs, car elle sort de l'ordinaire, mais qui se prend une claque (toujours selon mon ressenti) quand Arya partage certaines choses avec le Dhurgal. Là encore... je ne me suis pas du tout sentie à l'aise, comme avec cette idée de mariage. le manque de vie privée est assez pesant, même si les personnages ne semblent pas s'en soucier. Pour moi, c'est une intrusion, voire une violation... Et non...

J'ai eu aussi du mal avec Aïdan. Je n'arrive pas à le voir comme un méchant, mais plus comme un enfant capricieux. En apprendre plus sur son passé ainsi que celui de sa mère était par contre intéressant. Mais cela a ajouté un énième surnom à notre méchant... Aïdan est nommé de façons beaucoup trop différentes au long du roman. Et j'avoue que cela éparpille un peu sa personnalité, si vous voyez ce que je veux dire. Prince, Pantomime, Eidolôn, Traitre, Imposteur, Serpent, Passeur de Maux... Trop d'incarnations qui ne le stabilisent pas dans son rôle d'antagoniste.

Le gros point positif sera pour moi la relation entre Arya et Killian. Il y a une résolution d'un "problème", un changement important également. On est encore trop dans le slow burn et d'une tendance : je ne vais pas craquer pour le/la protéger qui est frustrante au possible. Mais ils sont tous les deux très mignons, et il était agréable de les voir interagir comme aux débuts de la saga. Et j'espère de tout mon coeur qu'ils auront à la fin de cette grande épopée le droit à une vie digne de ce nom ensemble.

Une déception donc alors que l'univers est absolument incroyable, les personnages bien construits et attachants, mais le flot d'émotions et le manque d'action ont été de trop. Même la fin qui pourtant donne un sacré coup de peps n'aura pas su titiller ma curiosité. Je referme donc ce troisième tome en laissant ses héros voguer vers leurs prochaines aventures mais sans moi. Encore une fois, ce n'est que mon ressenti, et je souhaite mais alors que du bonheur aux deux auteurs, en espérant qu'ils poursuivront leur saga comme ils le souhaitent et avec une communauté toujours plus grande. Je n'y adhère malheureusement plus, mais je laisse volontiers ma place à tous les amoureux des [Mots].
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