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Critique de laurencesubiat


"Louis-Stéphane Ulysse, aka LSU pour plus de rapidité au clavier, fait partie de ces artistes à cheval sur l'underground et le culte. Copain d'écriture de Ravalec ou Despentes, Houellebecq ou Holder, il reste un des rares écrivains français à flirter avec le trash indé sans passer pour un copieur maladroit de la dégénérescence anglo-saxonne. Son premier roman, "Soleil Sale" se range directement dans la classe "BAFFE".
En 1996, meetic, gayvox, rencontres adultères et autres sites destinés à favoriser les fantasmes virtuels et les accouplements coupables, n'existaient pas. Non, dans les années 1990, rappelez vous… il y avait le minitel. Qui se souvient encore de ses bips, de ses pixels et de ses grosses touches ? Et pourtant, il s'en passait, des choses derrière cette interface dégueulasse et ce temps de latence sadique. Oui, le tchat existait déjà, en mode coquin, pseudos évocateurs, abréviations et fantasmes XXX…
Fraichement débarqué à Paris pour poursuivre un rêve chimérique, Arto va vite se retrouver pris au piège d'une influence mystique nommée "Soleil Sale". Quand on se retrouve administrateur de réseau coquin sur minitel, on voit passer de drôles de choses, de drôles de gens, et on perd pied. Intrigué, attiré et manipulé par cette "Soleil Sale", Arto va sombrer, pas à pas, dans un espace virtuel glauque, et une réalité plus sinistre encore. Déjà, à l'époque, l'abus de pornographie et de virtuel pouvait mener à des situations pour le moins craignos. Souvenez-vous en la prochaine fois que vous penserez discuter avec une cougar russe au bonnet affriolant. Bref. le roman est court, brutal et incisif. On ne respire pas, on ne lit pas : on halète et on dévore les pages, on glisse avec Arto dans la spirale qui l'entraîne malgré lui. On a les mains qui collent au livre et les yeux qui avalent les mots. Pas une seconde, on n'imagine trouver la moindre lumière, le moindre souffle. La rédemption, c'est bon pour les romans. Ici, on croit lire une histoire réelle, relaté dans un style implacable. Qui n'a pas connu ce genre d'addiction malsaine, caractéristique des jeux de séduction virtuels ? Qui n'a pas nourri ses fantasmes d'expériences 2.0 jusqu'à ce que la réalité le rattrape, parfois sous la forme d'une mafia fétichiste, d'un gros pervers en imperméable ou d'un cageot à deux pattes, dans les meilleurs des cas ? Pas grand monde d'honnête, surtout quand on peut géolocaliser ses plans culs avec un iPhone ! … Les gens bizarres, et leurs écrits, sont décidément les plus intéressants."

Lien : http://thedlrevue.com/2013/0..
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