S'il vous prend l'envie de vous assurer une part d'insularité cet été sans risque sanitaire, saisissez entre vos mains ce “
Quelque chose de la poussière”, projetez-vous sur cette “île hors du temps, à l'ouest du monde”.
C'est l'histoire de la bleue, échouée sur la plage, est recueillie par La vieille, son mari, la blonde et Jesus, leurs enfants. Cette irruption/adoption d'un nouveau membre menacerait-elle le fragile équilibre du clan ? Une harde où la Bleue se fraie une place d'où elle observe les autres, leurs obsessions, forgées jusqu'au dénouement.
Mais jusqu'où s'accrocher ? Jusqu'à quand ?
Voici un texte aux reflets multiples, miroitants, l'ensemble est saisissant de beauté et certaines parties vous transpercent de petites rafales fulgurantes.
Parce qu'on le perçoit à chaque page, ce livre a pris le goût du vent, l'éclat des vagues ; il répond à l'appel de la forêt, au cri des bêtes sauvages, à la prédation ; il a été chahuté par les caprices insulaires, les intempéries, la solitude. Pas étonnant qu'il soit dès lors chargé de tension animale et de beauté minérale, que l'écriture soit si précise, aussi instinctive que maîtrisée.
Il faut dire que j'aime les personnages, tous. Lune est parvenue à leur donner corps tout en les laissant à leur mystère. Jesus est le seul à porter un nom, les autres, comme réifiés (la bleue, la vieille, la blonde, le père), se fondent dans ces paysages sauvages, peut-être pour mieux y disparaître ou les déserter.
Livre objet édité chez les impeccables éditions du Chemin de Fer dont les textes sont approfondis, interprétés par des illustrateurs.ices.
Ici les très beaux tableaux de Benjamin Défossez.