Citations sur Le projet Starpoint, tome 1 : La fille aux cheveux ro.. (10)
Il reconnaît la Foresta Erivan du lycée et il ne la reconnaît pas du tout.
Les choses sont presque pareilles et radicalement différentes.
C’est ce qui est troublant : il comprend et il ne comprend pas.
Mais c'est précisément à cet instant ....qu'il sent l'appel. L'angle mort.
Il voudrait poursuivre son mouvement vers le cou de Foresta; s' agripper à la seconde précédente ; mais il sait que c'est déjà trop tard. Il ne peut plus bouger : ils sont happés par le courant d'air.
Du point à l'étoile, de l'étoile au point. L'infini résonne au coeur de l'atome.
"Le vide n'est pas vide. Il est le siège de la physique la plus violente. - John Archibald Wheeler"
Pythagore bouge, il se sent comme dans l’eau, en apesanteur ; il ressent le mouvement d’infimes vibrations tout autour de lui.
Foresta attrape le battant et le fait pivoter tout doucement. Un souffle doux les enveloppe, une brise qui les caresse et les pousse.
Dans le reflet de la vitre, se dessine une perspective.
C’est le passage dévoilé par l’angle mort.
Pythagore sent le mouvement du courant qui le guide.
Il vient d'embrasser Foresta Erivan.
Il s'enfonce dans la profondeur du fluide.
Il vient d'embrasser Foresta Erivan.
Il garde les yeux ouverts sur la lumière qui fluctue.
Il vient d'embrasser Foresta Erivan.
L’infini fait le tour et revient.
Pythagore enlève son sweat rouge et Jordanie, sa veste d'ouvrier.
Elle est en sous-vêtements.
Pythagore essaie de rester de marbre, mais la semi-obscurité, l'écho embué de la piscine et le caractère inattendu de la situation le grisent.
Jordanie Serra est censée être la plus belle fille de seconde. Ils se sont déjà embrassés une fois... Elle est à côté de lui, en soutien-gorge...
Le temps s'étire.
Les bras de Jordanie sont fins, musclés comme il faut ; l'attache de ses épaules est précise ; ses clavicules sont élégantes.
Ils vont et ils viennent ; les groupes se forment et se déforment. Pythagore est heureux de retrouver la vie, après quinze jours de solitude. Il aime observer la diversité des gestes, des rires, la façon dont les uns parlent par-dessus les autres. Il aime regarder sans être obligé de participer. Écouter les conversations sans avoir à donner son avis. Est-ce que oui ou non Anne-Laure Savoie a embrassé Avril Alençon à la fête de Marie-Ange Cardinet, comme l'affirme Amel Dali à une autre fille de seconde ?
Depuis deux nuits, Pythagore rêve de Foresta Erivan. Toujours le même rêve, qui commence au centre commercial de Petit-Château. Foresta se tient de dos ; il n’entrevoit que ses cheveux rouges à cause des allées et venues des passants.
Soudain, des silhouettes s’approchent d’elle et la menacent. Elle se tourne et se met à les gifler. Une fois, deux fois, trois fois, avec des bruits de coups qui font mal à la tête ; quatre fois, cinq fois, six fois, jusqu’à ce que Pythagore se réveille en sursaut.
Son lit est posté dans la cour de l’école, juste sous la statue du cardinal Pichon de Bury.
Foresta Erivan apparaît. […] Pythagore essaie de se réveiller, pour de bon ; il ouvre les yeux, retrouve son lit.
Mais son lit est encore dans la cour des Prophètes ; et Foresta s’est approchée de lui.
Elle avance un peu plus à chaque fois que la boucle du rêve recommence. […] Ce manège le rend fou et le conduit invariablement à commettre quelque chose d’absurde – soit il se met à gifler la statue du cardinal Pichon de Bury, de la même façon qu’elle a giflé Maxence Vidal-Daguerre ; soit il retire ses vêtements en plein milieu de la cour et les cache sous son lit ; soit il se recouche avec Mme Solilaisse et se réveille pour de bon.