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Critique de Sachenka


38, rue Petrovka est une oeuvre assez inusité dans le paysage littéraire des roman policier. Sombre à souhait, voire glauque, présentant un Moscou de lendemain de Seconde guerre mondiale, loin du Kremlin et des autres symboles russes, plutôt des bas-quartiers. Dans les semaines qui suivent le grand conflit, les temps sont durs, la population se bat pour des tickets de rationnement. Et pour bien plus. C'est dans ce climat qu'opère la bande du «Chat Noir», pillant entrepôts et assassinant les gens. Une histoire de contrebandiers terribles, cela fait assez différent de toutes ces intrigues de crimes domestiques ou d'affaires de moeurs. du moins, c'est ce que laissait croire la quatrième de couverture. Eh bien… oui et non.

Le début nous plonge rapidement dans l'action : opération musclée et mort d'homme. C'est le branle-bas de combat au 38, rue Pétrovka (l'adresse de la Direction de la police judiciaire de Moscou). le jeune Volodia Charapov, soldat revenu du front, un brin idéaliste, est fraichement converti en enquêteur. Là, il rencontre son nouveau supérieur Gleb Jeglov, qui le prend sous son aile. Ce dernier, même s'il possède un sens du devoir aigü, me paraissait trop sûr de lui, trop arrogant, voire distant ou indifférent. Un bel exemple de justice intransigeante. Ceci dit, il faut se rappeler que le roman est raconté du point de vue de la jeune recrue, alors peut-être n'est-ce qu'une fausse impression. Dans tous les cas, ils finissent par former un excellent duo.

Parlant de duo, je tiens à signaler le bon travail d'un autre duo, celui des auteurs. En effet, ce roman policier est l'oeuvre de deux frères, Arkadi et Gueorgui Vaïner. Leur succès fut tel que, depuis la parution du roman en 1983, ils ont vendu plus de dix millions d'exemplaires !

Toutefois, cette histoire de la bande du Chat Noir est mise de côté (du moins, à ce qu'il me paraissait) alors qu'une femme est retrouvée morte. Une autre affaire ? Son ex-mari est le principal, le seul suspect. Un drame conjugal, donc. Mais le mari en question clâme l'innocence et cette nouvelle enquête prend toute la place pendant une bonne partie du roman. Bon, je me doutais bien que les deux affaires allaient se rejoindre…

L'originalité de 38, rue Petrovka, c'est le lieu et l'époque. Il va de soi que la manière de mener une enquête était différente, parce que le système est autre mais surtout parce que les moyens techniques et scientifiques mis à la disposition des enquêteurs n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui. Un autre élément inusité sont les épigraphes. Chaque chapite commence par ce qu'il me paraît être des annonces dans des journaux de l'époque, par exemple le Moscou-Soir. Offres d'emplois, réunion du Conseil scientifique, distribution de tickets de rationnement, bulletin météo, « nouvelles » inventions, etc. Au début, je ne voyais pas le lien avec l'enquête et ces annonces m'agaçaient. Mais je m'y suis habitué puis je me suis rendu compte que j'avais hâte de lire la prochaine : c'est qu'elles permettent de se faire une tête sur l'époque, sur le quotidien des Moscovites. Ça ajoutait au réalisme.

38, rue Petrovka m'a agréablement surpris et, prochainement, je lirai certainement d'autres enquêtes écrites par les frères Vaïner.
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