AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de HundredDreams


Un titre évocateur… message d'amour, de grandeur, de beauté, d'espoir, de dignité. Ce roman est un peu tout cela à la fois.
Je ressors de ma lecture comme si j'avais fait un beau voyage dans le temps et l'espace, plus exactement, en Italie après la seconde guerre mondiale.
La magnifique couverture, une reproduction d'un tableau de John William Waterhouse intitulé « L'âme de la rose », retranscrit à merveille l'ambiance contemplative, sensorielle, sereine, romantique où se mêlent douceur, simplicité, mélancolie et drames de la vie.
*
Maria Rosaria Valentini, pour son premier roman, nous propose une belle histoire qui parle d'amour, d'indifférence, d'incertitude, d'absence, de deuil.
Comme un peintre disposant sur sa toile de petites touches de peinture, lentement, avec délicatesse, l'auteure nous conte le destin d'une famille qui s'égrène sur trois générations de femmes.

*
Le roman s'ouvre sur Magnifica inquiète de la disparition de son fils.

« Quand Magnifica glisse ses doigts dans le bocal, celui qui contient les billets laissés par Andrea le jour de son départ, elle a l'impression de fouiller dans son utérus. D'une main elle tient le récipient, de l'autre elle explore jusqu'à toucher le fond et tourne, en regardant ailleurs. Une extraction douloureuse. »

Cette disparition l'amène à remonter le fil du temps jusqu'aux années 50 et a retracé l'histoire de sa famille. Souvenirs du passé. Souvenirs d'une époque. Souvenirs d'enfance. Souvenirs d'êtres chers disparus. Souvenirs joyeux. Souvenirs douloureux, parce que la vie n'est pas faite que de bons moments. Un roman de transmission où chaque femme passe le relai du souvenir à la génération suivante, avec pour chacune des valeurs, des expériences intimes, des messages à transmettre.

*
Ce que je retiens, ce sont avant tout, ces superbes portraits de femmes. Les différentes épreuves qu'elles traversent les rendent terriblement touchantes et très attachantes.

Eufrasia, la grand-mère, discrète, petit oiseau fragile, blessé par l'indifférence de son mari.
Ada-Maria, sa fille, sensible, profondément meurtrie, brisée, mais qui pour sa fille Magnifica se montrera un petit bout de femme forte et combative.
Magnifica, la plus jeune, lumineuse, curieuse et vive.
Et enfin Teresina, méprisable, mais qui par sa simplicité, sa douceur et sa présence indéfectible, se fera aimer et se révèlera le ciment de cette petite famille.

*
Et puis, la nature toujours présente, écrin de beauté qui enveloppe les protagonistes, qui évolue au fil des saisons et orchestre le déroulement de leur vie. L'auteure met toute sa poésie pour nous décrire Faggeta del Monte Cimino et ses magnifiques paysages montagneux couverts d'une incroyable forêt de hêtres majestueux. Et ces papillons, symboles de liberté, qui volettent tout au long du roman, nous rappelant que la vie est belle, mais aussi éphémère.

« Quand sa soeur se penchait vers lui, Pietrino avait l'impression que tous les papillons du cabanon s'échappaient de leurs cages de verre dans un grand frou-frou et s'envolaient, soudain happés par la liberté. »

Les jours passent, formant « une petite chaîne » marquées par les naissances, les deuils.
« La vie, donc, doucement, retrouvait son rythme. Au-delà de la douleur. »

Le village des Abruzzes se soude autour des familles endeuillées, participe aux réjouissances lors des moments heureux. J'ai aimé les valeurs véhiculées de bienveillance, de tolérance, de chaleur humaine, de solidarité, même si je n'y crois pas trop. Mais ça fait du bien.

*
Ce roman féministe nous parle de transmission, de la puissance des liens du sang, d'amour. L'auteure décline l'amour sous toutes ses formes, variations d'intensité, d'expression, de pigmentation, de pulsation. Amour maternel, amour filial, amour fraternel, amour qui dépasse les liens du sang, amour passionnel, amour-amitié, amour conjugal, amour-adultère, désamour.

Ce mélange d'amour, de drames, de complicité, d'entraide, de tendresse, de jalousie, de peur est beau et triste à la fois.

« L'amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser. »

La dernière page est émouvante, porteuse de lumière et d'espoir.

*
L'écriture, subtile, mélodieuse, poétique, n'est pas tournée vers l'action, mais plutôt vers la contemplation, détaillant, avec beaucoup de finesse, les émotions, les sentiments, les liens qui unissent les membres de cette famille. le choix des mots, les métaphores, les nombreuses images, les descriptions créent une ambiance où la nature est un baume sur les blessures, les peines.

*
Pour conclure, j'ai été émue par l'écriture à fleur de peau, poétique, sensible et délicate de l'auteure, dans laquelle transparaissent l'empathie, une profonde humanité et le bonheur d'une vie simple, malgré les tourments de leur vie. Un beau roman qui se laisse savourer, lentement, au rythme du vol des papillons.
Commenter  J’apprécie          306



Ont apprécié cette critique (29)voir plus




{* *}