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Critique de Charliebbtl


Une autre façon de voir Marie-Antoinette et de réhabiliter son image

Cet ouvrage d'Emmanuel de Valicourt n'est ni un roman historique, ni un ouvrage réservé aux plus éminents historiens mais une suite de portraits passionnants des intimes de Marie-Antoinette. A travers la peinture de la vie de cinq de ses favoris, l'auteur en profite pour corriger l'image trop souvent binaire que l'on a bien voulu dresser de cette reine qui, comme son époux, n'avait jamais demandé à connaître un tel destin. Tantôt dépeinte comme une héroïne de l'Histoire idéalisée et sacrifiée au nom d'une République sanguinaire, tantôt présentée comme une femme frivole et libertine, on se rend ici compte que cette image aussi tranchée n'est, sans doute, pas le reflet de la réalité de ce personnage.

Le premier chapitre, centré entièrement sur la reine, a l'avantage de présenter et d'expliquer les raisons qui ont amené rapidement Marie-Antoinette à constituer autour d'elle une petite société d'intimes qu'elle parviendra à garder auprès d'elle à renfort de faveurs en tous genres. Plus qu'un désir de se créer des amitiés, on comprend que cette société était pour elle un moyen d'échapper, autant que faire se peut, à un monde et à une fonction qui l'étouffaient par leurs contraintes, sans parler de son mariage dénué de tout romanesque dont elle était, hélas, friande. Il ne faut pas oublier que Marie-Antoinette arrive à Versailles alors qu'elle n'a encore que 14 ans. D'une certaine manière, elle n'était qu'une enfant jetée dans la cour des grands pour assouvir l'ambition d'une mère rompue à l'exercice du pouvoir. Cette société était sa bulle d'oxygène, tout simplement.

L'intéressant dans cet ouvrage consiste dans les 5 chapitres suivants, chacun dressant la vie et le portrait d'un favori de la Reine. On découvre ainsi au fil des pages qu'accéder à cette société était, certes, du ressort de Marie-Antoinette mais que les heureux élus savaient aussi en tirer des bénéfices personnels, attitude qui jettera assurément le discrédit sur l'image de la jeune dauphine autrichienne. Ainsi, on apprend que le duc de Lauzun, grand amateur de femmes dont il se sert sans vergogne pour se faire une place à Versailles, déclarera sa flamme à Marie-Antoinette, ce qui lui vaudra un camouflet légendaire de la part de celle qu'on présentait comme une femme inconstante. En homme d'âge mûr et suscitant un certain sentiment de sécurité aux yeux de la reine, le baron de Besenval, lui, tentera sa chance auprès d'elle pour infiltrer les coulisses du pouvoir en lui dictant des ambitions politiques qu'il n'aurait jamais pu assouvir sans elle. Quant au comte de Vaudreuil, il nous apparaît comme un être capricieux (presque enfant gâté) et manipulateur qui ne voit en Marie-Antoinette qu'un moyen pour flatter son ego surdimensionné. Trop ambitieux, il se brûlera les ailes tout comme le clan des Polignac, lorsque la Reine finira par ouvrir un peu les yeux. le comte de Fersen, qu'on connaît comme étant la plus grande histoire d'amour de la Reine, nous apparaît ici avec un visage pas aussi positif que cela. On en reparle un peu plus loin. Enfin, le comte Esterhazy est sans doute le véritable « favori » de Marie-Antoine dans la mesure où il sera celui à qui elle fera le plus confiance, reconnaissant ainsi en lui l'image d'un homme fidèle, vertueux et totalement dévoué à la famille royale.

Mon chouchou à moi

Il s'agit du Comte Esterhazy. Malgré le passé de sa famille condamnée à l'exil pour s'être opposée à la couronne d'Autriche, il se révèle totalement conquis par Marie-Antoinette dont il deviendra le plus fidèle défenseur sans aucune compromission ni aucun souci d'intérêt. On aime également l'éveil de sa paternité et l'amour qu'il vouera à sa jeune épouse à laquelle il restera fidèle, bien que souvent contraint de la quitter pour complaire à la reine.

Mes têtes à claques à moi

En premier lieu, Vaudreuil qu'on a envie de claquer à toutes les pages tant ses réactions de gamin frustré sont exaspérantes et je ne parle pas de ses coups en douce et de ses manigances pour obtenir des faveurs absolument imméritées. Et puis, il y a le cas Fersen. J'en avais une image de premier de la classe et d'homme parfait en tout point et je dois dire que j'ai un peu déchanté car, face à une Marie-Antoinette totalement enamourée, on comprend qu'il s'est un peu servi d'elle. Alors oui, il était beau, sa carrière de militaire exemplaire mais n'empêche, pour un amant transi, c'était surtout un amoureux des femmes (et pas seulement de la reine) qui n'hésitait pas à aller fricoter avec tous les beaux partis possibles dès qu'il en avait l'occasion.

Marie-Antoinette, femme inconstante et dispendieuse ou reine idéale et sacrifiée ? Je vous laisse vous faire votre propre opinion en découvrant cet ouvrage rigoureux qui se lit, pourtant, presque comme un livre d'h(H)istoires.
Lien : https://mespetitsplaisirsamo..
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