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Critique de moustafette


Nous avions laissé le narrateur à Côme alors qu'il s'appêtait à quitter la fondation Rockfeller où il était en résidence littéraire. Dans ce même Côme, l'auteur ne cachait pas son appétence certaine pour l'alcool. Rien d'étonnant donc à ce que nous le retrouvions à Belgrade, quelques années plus tard, traînant sa neuropathie alcoolique et son abstinence dans les rues de sa ville. Tout heureux d'avoir retrouvé l'usage de ses jambes, il déambule au gré de ses humeurs dans une capitale serbe en mutation; nous sommes à l'hiver 2004-20005, les années de guerre ne sont pas si loin.

Fort de cette épreuve qu'il vient de traverser, fauteuil roulant, soins, rééducation, convalescence en maison de repos, c'est par la marche, ses "promenades thérapeutiques", que l'auteur va se réapproprier son corps, apprivoiser la douleur, retrouver sa ville et, qui sait, sa raison d'être. Multiples déambulations qui sont autant d'occasions de faire remonter les souvenirs. Bistrots, jardins, rencontres, décès, naissances jalonnent un quotidien qu'il partage avec le lecteur par le biais de son journal dans un style volontairement minimaliste.

"Je suis couché et, couché, je me prépare à repartir. A 15h10 je suis complètement pris par cette préparation, de toutes les manières possibles, pour partir vraiment. Mes jambes, allongées, se préparent aussi à leur façon. Tout le reste est déjà prêt, moi, mon corps, on attend les jambes. Les jambes sont moins impatientes, là se concentre maintenant tout ce qui me reste d'intelligence."

Qui a failli en perdre l'usage comprendra l'obsession de l'auteur pour ses jambes et ses pieds.

Le journal est émaillé de fragments de textes se rapportant à son séjour en maison de repos où il se retrouve handicapé parmi d'autres handicapés, une seule idée en tête, sortir, marcher tant bien que mal dans le parc, être au contact de la nature, l'observer, s'en imprégner comme pour se laver de toute la souffrance qui l'entoure. Clins d'oeil à des auteurs, des films, des morceaux de musique, brèves évocations de son séjour à Côme, parsèment également le récit.

N'allez pas croire que ce livre est triste et plombant, même si, j'en conviens, en cette période de festivités il y a plus réjouissant comme lecture ! Non, point de pathos. L'auteur sait faire preuve d'humour face à sa condition d'être souffrant et diminué, mais qui ne regrette rien et surtout pas, fut un temps, d'avoir brûlé la chandelle par les deux bouts.

C'est une lecture en demi-teinte. Ce récit n'a pas la grâce et la beauté qui m'avaient transportée à la lecture de Côme. Mais j'ai retrouvé avec plaisir ce dilettante de la vie, devenu encore un peu plus adepte de l'ici et maintenant, savourant ce que lui offre le présent. Chantre de la lenteur, et pour cause, toujours empli d'humanité, pas aigri pour autant, l'auteur nous convie à une belle leçon de philosophie. Carpe diem !

Lien : http://moustafette.canalblog..
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