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Critique de Diabolau


Lire "le mal bleu" en pleine épidémie de Covid19, est-ce que c'est punk ?
Je ne sais pas, mais en tout cas la sauce n'a pas pris.
J'ai déjà eu l'occasion de le dire : Van Hamme et Rosinski (enfin, surtout Van Hamme, pour le coup) ne s'expriment jamais mieux que sur un arc narratif de plusieurs tomes qui prend le temps de développer une intrigue originale.
Dès qu'ils reviennent sur un one shot, ils ont tendance à "en foutre partout", tout en optant pour une intrigue simpliste, d'autant plus que l'exploit doit tenir sur 48 pages serrées.
Là, on arrive vraiment à un point où ce souci devient problématique. Peut-être aussi parce qu'on est au tome 25 et que l'un et l'autre ont moins d'allant qu'au départ, ce que l'on peut comprendre.
Une histoire poussive, aux airs de déjà-mille-fois-vu, des jumeaux interchangeables à la pieuvre géante des marais et au sage sur la montagne qui a le remède au problème, des rebondissements tellement serrés les uns derrière les autres que Rosinski, l'un des meilleurs "narrateurs" de la BD à ma connaissance, en plus de ses talents de dessinateur intrinsèques, commence vraiment à avoir du mal à suivre.
Mais là, en plus, on commence à avoir de gros problèmes de cohérence.
- Cohérence du personnage d'abord : au début, Thorgal est sur une île de rêve, féconde et pacifique, qu'il vient de débarrasser d'un tyran et d'une déesse tueuse. On lui propose d'en devenir le Roi, il refuse, c'est logique avec le personnage, mais il n'est dit nulle part qu'on veut l'obliger. Il pourrait rester en paix sans histoire avec sa famille bien aimée, puisque c'est son rêve depuis le début (et comme on l'a vu dans les tomes précédents, par ses imprudences il a déjà failli faire tuer sa famille plusieurs fois), mais au lieu de ça, il va retourner risquer sa femme et ses deux gosses sur une coque de noix, sans savoir où il va. Et tristement, les trois obéissent... Et quand il les met à nouveau dans une merde noire avec cette maladie, à aucun moment ils ne lui en veulent. Faudrait savoir Thorgal ! Ta famille tu l'aimes ou tu veux la voir crever ?
- Cohérence à l'intérieur du scénario ensuite : le jumeau laissé pour mort a été recueilli par une tribu de nabots sauvages quand il était bébé, mais c'est ledit jumeau qui a appris aux nabots à se battre ! Le mal bleu est mortel et incurable, donc on met les malades dans un canyon dont ils ne peuvent pas sortir, avec un système compliqué de grue, tout ça pour que, quand ils n'en peuvent plus de souffrir, ils montent sur un rocher pour se faire cribler de flèches et abréger leur agonie. C'est beau, hein. Mais ce serait pas plus économique de les exécuter directement, dès qu'on voit les premiers symptômes ? Et des trucs comme ça, y en a toutes les cinq pages.
Quand c'est pour se mettre au service d'un scénario bien foutu et original, les incohérences sont pardonnables si elles ne sont pas trop nombreuses. Mais quand le scénario lui-même est creux comme une calebasse, on frise la correctionnelle.
Malheureusement, le talent de Rosinski et les paysages de mangrove, si sympathiques soient-ils, ne parviennent pas à sauver la situation, bien trop compromise par un Van Hamme au plus petit de sa forme.
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