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Citations sur La chanson d'Ève (34)

C’est le premier matin du monde.
[…]
Or Dieu lui dit : Va, fille humaine,
Et donne à tous les êtres
Que j’ai créés, une parole de tes lèvres,
Un son pour les connaître.


Et Ève s’en alla, docile à son seigneur.
En son bosquet de roses,
Donnant à toutes choses
Une parole, un son de ses lèvres de fleur :

Chose qui fuit, chose qui souffle, chose qui vole....

Cependant le jour passe, et vague, comme à l’aube,
Au crépuscule, peu à peu,
L’Éden s’endort et se dérobe
Dans le silence d’un songe bleu.

La voix s’est tue, mais tout l’écoute encore,
Tout demeure en attente ;
Lorsque avec le lever de l’étoile du soir,
Ève chante.

Très doucement, et comme on prie,
Lents, extasiés, un à un,
Dans le silence, dans les parfums
Des fleurs assoupies.
Elle évoque les mots divins qu’elle a créés ;
Elle redit du son de sa bouche tremblante :
Chose qui fuit, chose qui souffle, chose qui vole...
Elle assemble devant Dieu
Ses premières paroles,
En sa première chanson.

p.17-18-19
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PREMIÈRES PAROLES

Qu’il vient doucement sur la terre,
De peur d’attrister ceux qui pleurent
Qu’il vient simplement, mon Bonheur !
L’heure n’est pas venue encore,
Déjà son infini sourire
Est sur mes lèvres ; dans mon cœur,
Déjà repose sa lumière.

Comme il vient à travers la plaine,
Silencieux, dans le matin ;
Il embaume l’air qui l’amène,
Il foule les fleurs du jardin ;
Il entre avec leur jeune haleine,
Et tout le soleil en est plein.

Mon Bonheur chantant au milieu
Des roses et des lys s’avance ;
Mon âme le cherchait au lieu
De se fleurir pour sa naissance,
Puisque pour l’entendre je n’eus
Qu’à l’écouter dans le silence,
Pour le voir qu’à baisser les yeux.

p.45-46
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Ô ma parole,
Qui troubles à peine un peu,
De tes ailes,
L’air de silence bleu !

Ô parole humaine,
Parole où, pensive, j’entends
Enfin mon âme même,
Et son murmure vivant !

Ô parole née
D’un souffle et d’un rêve,
Et qui t’élèves
De mes lèvres étonnées !

Moi, je t’écoute, un autre te voit,
D’autres te comprennent à peine ;
Mais tu embaumes mon haleine.
Tu es une rose dans ma voix.

p.20-21
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CRÉPUSCULE


Une aube pâle emplit le ciel triste ; le Rêve,
Comme un grand voile d’or, de la terre se lève.

Avec l’âme des roses d’hier,
Lentement montent dans les airs
Comme des ailes étendues,
Comme des pieds nus et très doux,
Qui se séparent de la terre,
Dans le grand silence à genoux.

L’âme chantante d’Ève expire,
Elle s’éteint dans la clarté ;
Elle retourne en un sourire
À l’univers qu’elle a chanté.

Elle redevient l’âme obscure
Qui rêve, la voix qui murmure,
Le frisson des choses, le souffle flottant
Sur les eaux et sur les plaines,
Parmi les roses, et dans l’haleine
Divine du printemps.

En de vagues accords où se mêlent
Des battements d’ailes,
Des sons d’étoiles,
Des chutes de fleurs,
En l’universelle rumeur
Elle se fond, doucement, et s’achève,
La chanson d’Ève.

p.207-208
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Ce rire de lumière
À fleur du silence,
Peut-être est-ce la danse
Ailée des belles heures,
Qui passent en semant
Des roses sur la terre.

Ce frôlement de l’aube
Peut-être est-ce la robe
Blanche d’un séraphin,
La robe d’or et de lin
D’un ange dont les pas
Approchent de la terre,
Mais que l’on n’aperçoit pas
Perdu dans la lumière.
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Mes sœurs des fontaines,
En riant, cette nuit, me chantent leurs peines.

Comme de longues roses blondes
Elles montent, lentement,
Des eaux, en un ruissellement
De lune et d’onde.

Je les écoute. Leur plainte douce
Me pénètre,
Comme la voix d’une eau qui fuit,
Ou pleure peut-être,
Parmi des mousses,
Dans la nuit.

Et leur voix est lointaine,
Leur si frêle voix.
Elles chantent : sœur humaine,
Est-ce que tu nous vois ?

Oui, leur dis-je, ô mes sœurs, et sur elles
J’ouvre ma bouche ardente qui rit
Et mes yeux merveilleux d’être émerveillés d’elles.

Et je ris à leurs paroles.
Elles ne savent pas pleurer,
Mais comme de l’onde leur rire tombe,
Mon rire monte.

p.51-52
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LA TENTATION


« Ferme-toi, cercle enchanté,
Ferme-toi, mur de clarté,
Enceinte de brume,
Porte de lune,
Ferme-toi, et garde-la.

Trace à trace, et pas à pas,
Fermons l’espace,
Et que ses anges n’entrent pas. »

Dans votre palais
Je suis enfermée.
Que me voulez-vous, petites fées ?

N’ai-je pour vous, près des fontaines,
Cueilli la verveine et le serpolet ?

« Nous avons froid. »

Voici mon souffle, voici mes doigts.
Êtes-vous réchauffées ?
Et que demandez-vous encore ?

« Ton âme,
Cette petite flamme d’or. »

La voici ; je vous la donne,
Et prenez mon cœur aussi.

« Nous avions froid, tu nous as réchauffées,
Nous avions faim, tu nous as rassasiées,
Et tu nous as donné ton âme.

Veux-tu, en échange,
Des robes couleur de l’arc-en-ciel,
Comme des ailes, des robes tissues
D’azur et de lune ? »

Non, je veux rester nue,
Comme les fleurs, et comme les anges.

« Nous te donnerons, si tu veux,
Les trésors futurs cachés sous la terre,
En des grottes obscures :
Ce sont les pierres.
Il en brille dans nos cheveux,
Comme des phalènes
D’azur et de feu. »

Non, je dédaigne les choses souterraines.

« Veux-tu des yeux qui soient comme l’aube
Dans l’obscurité ? »

Non, je cherche ce qui se dérobe
Dans la clarté.

« Veux-tu que nous te changions
En un oiseau, un papillon,
En une flamme,
En une fleur, en un rayon ? »

Donnez à mon Âme
D’être libre comme vous,
Comme les airs, comme le feu,
Qui souffle où il veut,
Et n’obéit pas même à Dieu.

« Qu’il soit accompli le vœu ingénu,
Le vœu adorable !
Fille humaine, sois libre,
Même de Dieu.

Dans l’invisible,
Nos chants et nos danses vont te suivre.
Trace à trace, et pas à pas,
Nous serons dans l’espace
Où tu seras.

Ouvre-toi, porte de lune.
Enceinte de brume,
Cercle enchanté,
Car voici que renaît l’odieuse lumière,
Que déjà sur la terre
Le coq a chanté. »

pp.99-103
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PREMIÈRES PAROLES


L'ange de l'étoile du matin
Descendit en son jardin
Et s'approchant d'Elle :

« Viens, lui dit-il, je te montrerai
Les beaux vallons et les bois secrets
Où vivent encore, en d'autres rêves,
Les esprits subtils
De la terre. »

Elle étendit le bras, et rit,
Regardant entre ses cils
L'ange en flamme dans le soleil,
Et le suivit en silence.

Et l'ange, tandis qu'ils allaient
Vers les ombreux bosquets.
L'enlaçait, et posait
Dans ses clairs cheveux plus longs que ses ailes,
Des fleurs qu'il cueillait
Aux branches au-dessus d'Elle.

p.67-68
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C'est le premier matin du monde

C'est le premier matin du monde.
Comme une fleur confuse exhalée de la nuit,
Au souffle nouveau qui se lève des ondes,
Un jardin bleu s'épanouit.

Tout s'y confond encore et tout s'y mêle,
Frissons de feuilles, chants d'oiseaux,
Glissements d'ailes,
Sources qui sourdent, voix des airs, voix des eaux,
Murmure immense,
Et qui pourtant est du silence.

Ouvrant à la clarté ses doux et vagues yeux,
La jeune et divine Ève
S'est éveillée de Dieu.
Et le monde à ses pieds s'étend comme un beau rêve.

Or Dieu lui dit : Va, fille humaine,
Et donne à tous les êtres
Que j'ai créés, une parole de tes lèvres,
Un son pour les connaître.
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De mon mystérieux voyage
Je ne t'ai gardé qu'une image,
Et qu'une chanson, les voici :
Je ne t'apporte pas de roses,
Car je n'ai pas touché aux choses,
Elles aiment à vivre aussi.

Mais pour toi, de mes yeux ardents,
J'ai regardé dans l'air et l'onde,
Dans le feu clair et dans le vent,
Dans toutes les splendeurs du monde,
Afin d'apprendre à mieux te voir
Dans toutes les ombres du soir.

Afin d'apprendre à mieux t'entendre
J'ai mis l'oreille à tous les sons,
Ecouté toutes les chansons,
Tous les murmures, et la danse
De la clarté dans le silence.

Afin d'apprendre comme on touche
Ton sein qui frissonne ou ta bouche,
Comme en un rêve, j'ai posé
Sur l'eau qui brille, et la lumière,
Ma main légère, et mon baiser.
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