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Critique de Sourisetdeslivres


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Une nuit comme la dernière, sinon la première.
Une existence agrippée à un manche de pioche.
Nuit hors du monde conscient, mais réalité de la peau à vif entre le pouce et l'index.
Juillet, 2 h du matin. 26 degrés.
Quelque part à proximité de Marseille.
Inspirer. Piocher. Expirer.
Une détermination qui ne tolère pas le dégoût.

Une mère et sa fille de 12 ans.
Échouer
En Corse.
Des stigmates sur les mains.
Sa fille ravagée, mordue, rompue, tuméfiée comme son coeur de mère.

Ne rien donner. Tout garder, caresser sa douleur, la faire luire et reluire, l'observer et s'observer au reflet.

Une course contre la peur. Une course contre la mort.

Une berline avec 2 hommes à bord qui s'arrêtent au même hôtel reculé qu'elles, ce n'est pas une coïncidence.
Fuite en avant. Fuite désespérée.

Roman choral ; chaque intervenant nous livre sa version des faits.
Froide. Calculée. Meurtrie. Abattu. En colère.
La mère, la petite, le père. Ari et Ivo.
Chacun son instinct.
Primal. Brutal. Maternel, familial ou docile.

2 familles en colère.
Celle brisée de la petite louve.
Un foyer éclaté, des parents séparés.
Celle soudée qui a décidé de se venger.

Des points de rupture.
Les souvenirs impossibles à oublier ni à enterrer.

« Même les mers ont des rivages
Même les prisons ont des murs,
Seule notre peine n'a pas de fin. »

Ari et Ivo, gitans sédentarisé des cités de Marseille.

« La douleur d'une mère, peu importe laquelle c'est, imprévisible »
L'instinct bestial, animal.
Sa survie ou la survie des siens impose des actions.

Inspirer — expirer

Une traque.
Ari et Ivo des tigres prêt à ferrer leurs proies.

Petite louve.
Retour au calme.
Être à la terre, absorber le ciel, trouées dans l'olivine, olives esseulées, brise légère et feuillage liquéfié par le soleil.
Kaléidoscope naturel.
Chaleur minérale diffusée dans le squelette.
Se laisser aller à une danse archaïque autour d'un brasier de vie alimenté par les femmes se cambrant, pilons en mains et enfants dans les jambes.
La fertilité sereine, la maternité douce, le retour à l'origine, la terre et du ciel.

Un roman noir, âpre et rugueux comme ces montagnes corses que tu vas arpenter.
Un roman violent aucun des protagonistes n'est prêt à se laisser abattre, même blessé, tout comme la nature qui prend le pas sur l'homme.
La haute montagne qui rend la région instable tout comme les caractères des frères.

Des filles. Des mères. Des soeurs.

Outre les thèmes abordés, l'auteure met l'accès sur la beauté de la nature qui tranche avec la laideur de ses personnages.
Elle te rappelle de vivre avec la nature et non contre, ne pas lui faire injure

Expiration — inspiration – sidération

Est-ce que la vengeance est curative ? Est-ce que la vengeance atténue le traumatisme ou redéchire les plaies à peine soudées ?
Des mots jamais échangés.
Des phrases jamais prononcées comme si une fois entendues elles scelleraient leur sort.
Repousser la vérité le plus loin possible.
Y faire face, mais pas totalement.

Chacun des personnages, comme toi lecteur, portent un regard sur le même paysage, mais ce qu'ils y voient diffère.
Chacun se regarde, mais pourtant aucun ne se connaît entièrement.
Ils ne voient pas ou ne veulent pas voir les failles et les aspérités.

Tu ne trouveras rien de doux dans ce livre qui suinte la douleur.
Un vrai roman noir aux sujets lourds.
Des passages sont difficiles à digérer.

Le maquis et les aiguilles de Popolasca sont les témoins des scènes terribles qui se jouent sur ces terres corses.
Des âmes noires. Des êtres qui oublient trop souvent de respirer.
Un livre sombre et animal.

Une fin peut-être un peu rapide et en même temps non, elle reste dans le tempo du roman.

Je ne le fais pas exprès, j'ai enchainé les romans où il est question de justice. Marie van Moere dans ce roman aborde un sujet délicat, d'un bout à l'autre, où l'on touche à l'enfance, à l'innocence.

L'auteure ne s'arrête pas là, elle nous propose de réfléchir sur un sujet important, la justice, celle de la société et celle des hommes, la vengeance est-elle une fin en soi ? Permet-elle d'effacer la souffrance ? Offre-t-elle une rédemption ? de se sentir allégé de ce poids terrible ? Ou au contraire le fardeau n'en sera que plus lourd ?

J'ai été ébranlée par le thème, comment rester indifférent ?
Petite louve, comme je t'ai admiré. Complètement meurtrie, tu n'as pas encore terminé de lécher toutes tes plaies, les invisibles et celles que seule toi tu connais. Tu m'as émue, fortement émue.

Une course poursuite où les proies deviennent chasseurs et inversement.

Tu lis ce récit en te demandant ce qui va arriver au prochain tournant dans cette montagne aride, malgré la violence et la brutalité des chapitres rien ne te permet de te préparer au final. Magistral.

Lien : https://unesourisetdeslivres..
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