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Critique de BazaR


BazaR
23 décembre 2019
Garçon, un Ricard s'il vous plaît !

Y'a pas à tortiller, Jack Vance est un champion quand il s'agit de nous raconter avec verve des récits dérisoires et frais dans des décors exotiques.
J'emploie « dérisoire » avec affection. Je veux dire qu'il n'est pas ici question de guerre implacable, de fin du monde ou d'enjeu apocalyptique. Les problèmes sont presque de l'ordre du domestique et ça fait du bien de lire ça en fin d'année.

L'auteur place l'action sur Trullion, une planète de l'amas globulaire d'Alastor gouverné par le Connatic. Vance écrira trois romans en tout sur cet amas, et je crois me souvenir qu'on l'aperçoit dans le ciel d'une planète d'un autre de ses romans. Trullion est curieusement fichue, avec son continent allongé le long de l'équateur qui sépare deux grands océans.
Sur Trullion les gens sont plutôt cool. Ils aiment boire de la bière en observant les étoiles (ce qui doit être un sacré spectacle dans un amas globulaire). Ils vivent pour le jeu de la hussade comme nous autres pour le foot. le travail ne les intéresse que dans la mesure où il permet de gagner assez pour s'offrir les menus plaisirs de la vie. Ils n'ont pas la folie des grandeurs, quoique comme partout ailleurs, les aristocrates aiment bien afficher des signes extérieurs de richesse. Seul point noir : la cohabitation forcée avec les aquatiques Merlings qui vous attrapent, vous noient et vous bouffent si vous avez le malheur de tomber à la flotte.
Bref les Trills pourraient être qualifiés de Hobbits si l'auteur oubliait que la nature humaine contient une part de noirceur violente profondément intégrée au patrimoine génétique, ce qu'il ne fait pas. Les soupapes de sécurité pour évacuer la violence se retrouvent dans le jeu de la hussade, où la sheirl – jeune vierge – de l'équipe adverse doit être « humiliée » pour gagner, et dans la mise à mort publique des condamnés.

Après dix ans passés loin de Trullion dans l'armée du Connatic, Glinnes Hulden revient chez lui, la région des marais où les innombrables bras des rivières ont créé un archipel d'îles de toute taille. Et il va être confronté à des problèmes de famille à la Dallas : son frère Shira a disparu, probablement bouloté par les merlings, son autre frère Glay a vendu sans autorisation le manoir que la famille avait acheté une génération avant et a laissé s'installer sur leur île une famille de Trevanys – sorte de gitans. Glay a de plus adhéré à la Fensherade, une « mode » qui honnit le mode de vie bucolique de Trullion et cherche à retrouver le goût de la quête. La galère !
Glinnes va devoir se dépêtrer de ces problèmes. Il va faire partie d'une équipe de hussade. Les parties de ce jeu mi football américain, mi Interville forment une grosse partie du roman qui m'a énormément accroché. Grâce en soit rendue au personnage de lord Gensifer, capitaine de l'équipe de Glinnes sûr de son talent mais en réalité absolument nul. le roman tourne plus au polar sur la fin.

Comme souvent avec Vance, c'est le bagou des personnages qui fait le sel du récit. Ce sont tous des as de la justification de leurs actes, ce qui donne lieu à des confrontations verbales électriques mais jamais hystériques. On passe un bon moment avec une histoire sans prétentions. Petites déceptions : le manque de présence de Glay, le frère de Glinnes, qui avait du potentiel, et l'envie déçue de voir les pirates de l'espace « étoiliers » occuper plus de place dans l'histoire, même s'ils n'en sont pas absents.
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