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Critique de Sando


Sando
04 septembre 2014
Dans « Dernier jour sur terre », David Vann nous offre une réflexion personnelle sur les dangers de l'exclusion sociale et la facilité d'accès aux armes à feu aux Etats-Unis.


Prenant pour point de départ sa propre expérience d'enfant solitaire et introverti, il fait le lien avec le destin tragique de Steve Kazmiercza, coupable d'avoir ouvert le feu dans son ancienne université et d'avoir tué cinq personnes et blessé dix-huit autres.


Qu'est-ce qui différencie David Vann et Steve Kazmiercza ? Pourquoi l'un a su résister à ses pulsions sanguinaires et pas l'autre ? Est-ce seulement une question de rencontres ? Parfois bonnes, parfois mauvaises ? Comment sort-on de cette spirale infernale avant de commettre l'irréparable ? Voilà les questions que se pose l'auteur et auxquelles il tente de répondre, aidé par sa propre expérience…


Il retrace donc le plus fidèlement possible la lente descente aux enfers de Steve. Un père dépressif et absent, une mère irresponsable, plusieurs tentatives de suicide, des pulsions morbides amplifiées par la solitude et le sentiment d'exclusion. A cela s'ajoute plus tard l'addiction aux médicaments, à la drogue, à l'alcool, ainsi que des pulsions sexuelles honteuses et un tempérament particulièrement violent et enflammé. Autant de signes que personne n'a su voir, en dépit des dépressions à répétition, des traitements qui le font changer, tant physiquement que psychologiquement. Difficile alors de déterminer à quel point Steve était lui-même lorsqu'il a agi…


Dans ce qui ressemble davantage à un essai sociologique qu'à un roman, David Vann tente de montrer comment la société américaine parvient à créer, malgré elle, des individus complètement inadaptés, au point de devenir dangereux pour eux et pour les autres. Appartenant à une classe moyenne sans rêves, délaissée et livrée à elle-même, Steve Kazmiercza est certes un meurtrier mais aussi, et surtout une « victime du suicide » selon l'auteur. Sans chercher à atténuer sa responsabilité, il tente néanmoins de comprendre, en s'intéressant au passé de son sujet, comment tout cela a pu être possible… Malgré quelques longueurs et redites, j'ai trouvé la démarche de l'auteur passionnante. Cependant, j'aurais aimé qu'il pousse plus loin la réflexion sur les armes à feu, la propagande qu'il y a autour, selon laquelle « les armes sauvent des vies », ainsi que la psychose des américains et leur sentiment croissant d'insécurité… Certaines scènes, notamment celle du drame, sont néanmoins intenses et fortes en émotion. Un texte intéressant et bouleversant donc mais qui aurait mérité d'être creusé davantage je trouve !


Je tiens à remercier vivement Libfly, le Furet du Nord et les éditions Gallmeister pour cette découverte réalisée dans le cadre de « On vous lit tout » !
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