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Critique de Renod


1978, Nord de la Californie. Un pick-up emprunte des chemins escarpés qui mènent à un territoire isolé en pleine montagne. A son bord, un garçon, son père, son grand-père et un ami de la famille s'apprêtent à chasser pendant quatre jours. Le rituel est le même chaque année pour l'ouverture de la chasse, à un détail près : le garçon âgé de onze ans a la permission de tuer son premier cerf. Et s'il y parvient, il devra manger le foie et le coeur de sa victime, prouesse qui fera de lui un homme. Mais la partie de chasse initiatique espérée va être marquée par un grave accident et se transformer pour le narrateur en un « rêve lugubre et intermittent peuplé de formes scandaleuses ».

Le roman a pour cadre une nature inhospitalière et décharnée : vallée de pins, routes poussiéreuses, rivière asséchée, mer d'herbe fanée percée ça et là de rochers abrupts, de buissons de manzanita ou de sumac vénéneux. Les crotales se confondent aux branches cassées. Un sommet domine ce terrain : Goat mountain, la montagne de la chèvre, une des formes du diable, qui semble imprégner ici la nature et le coeur des hommes.

La lecture de ce roman est – avouons-le - éprouvante. Le récit est marqué par une forte intensité dramatique, les descriptions sont faites en phrases hachées et dépourvues de verbe, les rapports entre les personnages sont passionnés et chaque moment revêt une forte portée symbolique. Les événements narrés dans ce roman sont le prétexte de réflexions sur de nombreux sujets : le bien et le mal, la culpabilité et la rédemption, la nature face à la société, les fondements de la loi morale. Ces questionnements trouvent un écho dans la Bible et la mythologie et les croyances ancestrales. Nous sommes renvoyés à nos origines ; une fois le vernis de la civilisation gommé, nous redevenons ce que nous sommes, des êtres primitifs guidés par leurs instincts, le premier d'entre eux étant de tuer.

« Goat mountain » est si sombre et si violent qu'il peut indisposer un lecteur déjà éprouvé par un style rugueux. Mais le roman parvient à nous éblouir par ses passages sublimes et son questionnement profond sur la nature humaine.
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