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Critique de Pois0n


En premier lieu, merci infiniment à l'opération Masse Critique de Babelio ainsi qu'aux éditions Rroyzz, sans lesquels je n'aurais probablement jamais découvert ne serait-ce que l'existence de ce roman.
Et autant vous dire d'emblée que ça aurait été sacrément dommage !

Alors que la fantasy est habituellement plutôt tiraillée entre énormes pavés et sagas-fleuve, Ezhrâl et ses 159 pages imprimées gros ont de quoi surprendre au premier abord. Mais qu'il est agréable de s'immerger dans un autre monde pour en ressortir deux à trois heures plus tard ! D'autant que le voyage est agréable, bien qu'il soit aussi et surtout mouvementé.

Ezhrâl, c'est avant tout le récit d'une vie, celle du personnage éponyme, constituant la majeure partie du livre et contée via de longs flash-backs. Vous vous en doutez, vu le format de l'ouvrage, il faut se contenter des moments-clés, ceux qui auront, d'une façon ou d'une autre, bouleversé le quotidien d'Ezhrâl tout au long de son existence. Sauts de puce à travers le temps, bribes de souvenirs remontant à la surface, justifiées par les évènements du présent.
Ceux-ci n'occupent finalement qu'une place restreinte au sein de l'ouvrage, presque anecdotiques, presque prétexte, mais n'en font pas moins partie du puzzle. Un puzzle jalonné par les drames, les blessures qui ne se referment jamais totalement. On est bien ici dans un récit de dark fantasy : point de héros, juste des personnages qui tentent de survivre tant bien que mal dans un monde où les brigands font la loi et où les femmes sont sitôt veuves, sitôt remariées.

Bien évidemment, de ce monde, l'on ne verra pas grand-chose, et surtout beaucoup de forêt, la narration se focalisant sur les faits. Avoir affaire à de courts passages permet d'éviter les longueurs, sans pour autant donner un sentiment de précipitation. du moins, la majorité du temps. Car s'il y a un truc d'expédié au point d'en être aussi ridicule que peu crédible, c'est bien la rencontre entre Ezhrâl et celle qui deviendra sa femme. Certes, la romance constitue environ la moitié de mes lectures, et mon genre de prédilection, alors qu'il ne s'agit ici que d'un a-côté, un pan de l'histoire. Mais même en étant hyper indulgent, impossible de ne pas trouver ça bancal ! Heureusement, la suite rattrape un peu et l'on se dit « pourquoi pas, après tout », mais sur le coup, on lève les yeux au ciel.

Mais mis à part ça, on se laisse porter aux côtés d'Ezhrâl. On partage ses peines, surtout, la vie ne l'ayant clairement pas épargné. La plume de Suzanne Vanweddinggen est très belle, presque poétique, tout en étant capable d'être plus dure quand il le faut. Ezhrâl n'est pas un récit facile. Être plongé ainsi dans l'intimité des souvenirs de quelqu'un et voir sa vie entière défiler, même sous forme de fragments, ne laisse pas indemne quand il s'agit des pires moments. Et des pires moments, il y en a ici beaucoup.
Puis vient la fin. Si, au début, l'on a affaire à la narration des faits présents entrecoupée des mémoires d'Ezhrâl, sur la fin, le récit se fait plus chaotique, avec des bouts entiers qui manquent, des incidents relatés en quelques bouts de phrases là où, au début, on avait droit à l'arrivée en ville des deux compères dans les moindres détails. D'où la très forte impression que ce présent n'est, finalement, qu'un morceau de plus à la grande trame de la vie d'Ezhrâl, simplement plus fragmenté que les autres. C'est un peu dommage, le texte aurait gagné à être plus développé ici ou là... mais, en l'état, le voyage est déjà sacrément réussi. Et c'est la gorge nouée que l'on referme le livre. La boucle est bouclée. Il n'y a plus rien à ajouter.

Ezhrâl est donc une très bonne surprise. Une fantasy différente, plus posée mais pas moins brutale et ô combien intimiste. Loin du destin du monde, juste l'histoire d'une vie.
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