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Critique de Biblioroz


Entrons dans ce petit café parisien. Marthe, une ancienne prostituée, s'escrime sur une grille de mots croisés et Louis Kehlweiler, ou Ludwig, ou même l'Allemand, tente de ne pas perdre sa boule au flipper. Deux mois qu'il n'était pas venu dans ce café mais là, il se passait sûrement quelque chose de louche au banc 102 et il fallait en informer Marthe. Des bancs de Paris numérotés, et même des arbres, c'est bien plus facile pour ne pas se perdre dans les descriptions alentour afin de les situer. Louis ne travaille plus pour le ministère mais « il n'était pas question d'arrêter le train » donc, en bon artiste des traques de tous genres, il continue de flairer et a besoin d'un peu d'aide de son amie.
Finalement, de retour au banc 102 sous une pluie battante, il avise et s'indigne d'une déjection canine sur la grille de l'arbre avoisinant le banc. le lendemain, pas trop tôt puisqu'il n'est pas matinal, le déluge ayant nettoyé la grille et ce qui la salissait, il ramasse un fragment d'os qui, après étude, ressemblerait bien à un morceau d'une phalange de pied féminin. Il préfère refiler l'affaire initiale à un journaliste et se concentre alors sur ce petit os moitié digéré.

Remonter à un meurtre avec un tel indice, il fallait bien toute l'imagination de Fred Vargas pour en faire une recherche passionnante et hautement récréative. Il vous faudra apprendre la théorie de Louis, celle de la main gauche et de la main droite pour déjà comprendre le titre de l'ouvrage. Et puis, n'oubliez pas un petit pulvérisateur d'eau afin que Bufo, son crapaud de compagnie, ne se dessèche pas dans sa poche ou dans les atmosphères surchauffées. Parce que dès qu'une information est découverte, il faut en référer, avec des mots simples, à Bufo.
« Ce type qui cherchait des meurtriers improbables à partir de n'importe quelle merde de chien ne devait pas tourner plus rond que les autres. »
Précisons alors que les personnages sont légèrement ou complètement décalés, et quel plaisir de lire en eux tout le potentiel créatif et humoristique de Fred Vargas ! En nous faisant partager leurs dadas ainsi que leurs petits soucis personnels, surtout au niveau affectif, l'autrice nous les rend tellement familiers qu'on en oublie presque qu'ils sont fictifs. À côté de Marthe, qui n'arrive jamais à se rappeler de l'Ob pour le caser dans ses mots croisés, de Louis qui, après chaque démarche, demande tout de go une bière, il y a aussi un historien scotché sur le Moyen Âge, spécialiste du seigneur de Puisaye, et un préhistorien calé dans le domaine des fouilles, même sans fouiller.
Donc, avec une telle équipe, après de nombreuses heures à épier tous les sorteurs de chiens autour du banc 102, il ne faut pas s'étonner de dévier vers un petit port breton et sa grève reculée riche en bigorneaux.

Souriez, vous lisez un roman pour vous détendre, et ça fait du bien ce petit moment réjouissant alors que, comme nous le répète Kehlweiler, « le monde est à feu et à sang ».
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