AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de elea2020


Ce roman m'a fait une impression étrange : comme beaucoup ici, je l'ai lu adolescente et j'en ai toujours gardé un souvenir émerveillé. Je l'ai relu cette semaine, et j'ai retrouvé l'émotion, mais un ton en-dessous de mon souvenir.

Zézé l'enfant précoce est un personnage inoubliable avec sa gouaille d'enfant des rues. J'ai conservé du roman des images marquantes des faubourgs de Rio, du quartier de sa famille avec ses personnages hauts en couleur, de Zézé arpentant les rues avec sa caisse de cireur de chaussures. Je voyais Zézé perché sur la branche de Minguinho, son "petit pied d'oranges douces", lui parlant, ou encore visitant le "zoo" (la basse-cour) avec son petit frère Luis...

Mon Bel oranger reflète à merveille la nostalgie de l'enfance, l'imagination fertile qui peuple un monde solitaire, donne la vie aux objets inanimés, aux animaux, confère du rêve et de l'espoir à une vie difficile, qui semble condamnée d'avance : pauvreté et violence sont le lot quotidien de Zézé, qui par ses bêtises agace terriblement tout le monde autour de lui. Zézé est précoce, extraordinairement sensible et empathique, qualités que tout son entourage connaît, remarque, mais n'estime pas à sa juste valeur. Au contraire, c'est l'enfant qui se retrouve toujours battu, sur qui les adultes déversent leur lot de frustrations et d'angoisses, le prétexte pour se défouler. Il faut quand même dire que nous parlons d'un enfant de 5 ans livré totalement à lui-même : comment ne ferait-il PAS de bêtises ?

Seule Gloria, sa soeur aînée, tente de le protéger des coups, et tient tête aux adultes lorsqu'il a été trop maltraité. Toutefois, l'enfant a quelques alliés aussi à l'extérieur, comme sa maîtresse ou Manuel Valadares, le Portugâ, mais il apprendra la douleur de la perte en même temps que le bonheur de la tendresse amicale partagée...

Le plaisir de lire était toujours intact dans cette relecture, les images vives et les émotions prégnantes. La seule nuance est venue pour moi de la vision adulte de l'auteur, que j'ai trouvé un brin complaisant envers lui-même. le fil était délicat, mais l'équilibre à l'arrivée n'était pas parfait, ça penchait un peu. Pour autant, peut-être cette humanité est-elle justement ce qui touche dans ce roman - peut-être cette gêne d'adulte est-elle aussi le signal d'une perte d'innocence que l'on ne retrouve jamais ?
Commenter  J’apprécie          345



Ont apprécié cette critique (33)voir plus




{* *}