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Critique de Luniver


Si vous avez une âme d'explorateur, les temps sont rudes : tous les continents, toutes les îles, toutes les forêts sont aujourd'hui parfaitement cartographiés et à seulement quelques heures d'avion, et les voyages spatiaux ne sont pas encore à l'ordre du jour. Il ne vous reste plus qu'à ronger votre frein en songeant à tout ce qui vous auriez pu faire en naissant à la bonne époque.

Et pourtant ! Des terres vierges il en reste plein, au coeur même de nos plus grandes villes. L'auteur a parcouru pendant une année ces grandes zones blanches présentes sur les cartes IGN de grandes villes françaises, pour découvrir quelles histoires elles peuvent bien nous raconter.

On aurait pu s'attendre à des bâtiments improbables, à des situations tellement particulières qu'aucun géographe n'a pu se résoudre à leur assigner un symbole cartographique bien précis. Ce qu'on trouve plutôt, c'est toute une population qui essaie de survivre dans les rares espaces desquels on ne les chasse pas, en s'amassant dans des abris de fortune. Inconnus des administrations, absents des statistiques officielles, ombres errantes autour des métros ou des poubelles de supermarchés, c'est avec une douloureuse cohérence qu'on les retrouve habitant des zones qui, quelque part, n'existent pas.

Habitant Bruxelles depuis plusieurs années maintenant, ce livre a réveillé pas mal de souvenirs et de scènes que j'avais bien vite oubliés. D'autant que pendant longtemps, j'aurais été le premier à réclamer qu'on sorte un SDF de la banque ou de l'abri de bus dans lequel il s'était réfugié pour la nuit et auprès duquel je devais passer. À cause d'un mélange de peur d'être plus facilement agressé par quelqu'un qui n'a pas grand-chose à perdre, et de gêne à voir quelqu'un évoluer dans un espace où il n'a « pas sa place ». Cette place, j'ai fini par reconnaître qu'il y avait autant droit que moi, et question agression, une méfiance mutuelle nous mène plutôt à nous éviter.

Il est très curieux de se dire qu'une ville possède plusieurs populations « parallèles », qui vivent au même endroit mais ne se fréquentent jamais. Quant à suivre l'exemple de l'auteur, ça reste une autre paire de manches, d'autant qu'entre vigiles, chiens de garde, et vagabonds bien décidé à défendre leurs maigres possessions, il ne semble pas avoir été particulièrement bien accueilli…
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