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Citations sur L'heure bleue (24)

" C'est la première fois que mes affaires arrivent avant celles de tout le monde , s'émut Zoë en récupérant sa valise cabossée - une antiquité à roulettes qui appartenait à son père .
- Les passagers de première classe sont prioritaires ", lui expliqua Lise avec indulgence , laissant à un jeune homme galant le soin d'attraper son énorme bagage Vuitton .
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Lise était de ceux qui existent plus haut et plus fort que les autres et ne doutent jamais d'eux-mêmes , convaincu que leur destin facile est le produit de leur seul mérite, et non le fruit aléatoire d'une loterie à la fois génétique , économique et sociale . Zoë , elle, était de ceux qui s'excusent d'exister et assistent à la vie comme à une représentation de théâtre , se cantonnent au rôle de doublure , de souffleur ou d'éclairagiste .
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Elle n"avait pas quitté des yeux le plafond de la chambre inconnue, sous les toits; une image qui s'était substituée à celle du visage et du corps anonyme de son partenaire inexpérimenté . Aujourd'hui en y repensant , elle avait l'impression grotesque d'avoir perdu sa virginité avec l'une des poutres de ce plafond .
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Ils avaient tous voyagé et exercé de multiples métiers ; ils parlaient plusieurs langues ; ils vivaient sur des péniches ou dans des lofts retapés , à Londres , à Buenos Aires ou à New York ; ils votaient à gauche , écolo ou au centre ; ils pensaient que le slunch était le nouveau dîner, que le rooibos avait détrôné le thé et que le potentiel érotique des films de Lars von Trier était largement surévalué .
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Pieds nus sur la carrelage, en petite culotte blanche, Giulia se maquillait face au miroir de la salle de bain. De la main droite, elle maintenait fermement sa paupière ouverte tandis que, de la main gauche, elle faisait glisser le crayon noir sous son œil, du coin interne jusque vers l’extérieur. Elle renouvela l’expérience sur l'autre œil sans faire déraper le crayon une seule fois. Satisfaite du résultat - le maquillage accentuait l’éclat sombre de la pupille et mettait en valeur toutes les nuances de gris et de vert de l'iris -, elle reposa l'instrument dans la trousse et contempla son reflet avec le sentiment du devoir accompli.
En se maquillant, Giulia escamotait l'enfance, elle qui semblait ne pas avoir atteint l'âge adulte. Le visage nu, on ne lui donnait guère plus de vingt ans, alors qu'elle en avait douze de plus. Lorsqu'elle emmenait Zoé et Nino au bois de Vincennes le dimanche, on la prenait pour la grande sœur ou la baby-sitter. Mais sa manière de boutonner le col de Nino pour qu'il ne prit pas froid, de nouer l’écharpe autour du cou de Zoé, trahissait la mère sous ses allures d’éternelle jeune fille.
Giulia saisit un bâton de rouge à lèvres d'une prestigieuse marque japonaise, un cadeau de son mari Marc. Le rouge flamboyant n 13, était d'une tenue remarquable : elle pouvait manger, boire, embrasser son époux et ses enfants sans que la couleur ne s'estompe. Songeant à la journée qui l'attendait - elle enseignait l'italien à des lycéens obnubilés par leurs hormones -, elle relâcha son attention et fit déborder le rouge à la commissure de ses lèvres. L'image que lui renvoyait tout a coup la glace était celle d'une gamine facétieuse, barbouillée de confiture de fraises.
Au lieu d'estomper les contours de sa bouche à l'aide d'un mouchoir en papier, elle approcha le bâton de son visage et le pressa contre sa joue. De la couleur en jaillit telle une goutte de sang perlant de la pointe d'un couteau. Elle fit glisser le rouge à lèvres avec application, dessinant une trace sinueuse qu'elle fit descendre jusqu'au menton. Puis elle s'attaqua à l'autre joue qui, subissant le même sort que la première, fut traversée d'une ligne écarlate. Sur son front, elle dessina des formes semblables à es signes tribaux avant de peinturlurer sa bouche, passant et repassant le baton jusqu'a faire apparaitre un rictus de clown.
Son oeuvre achevée, elle se regarda sans se reconnaitre, subjuguée par la guerre sourde qui suintait de sa peau maquillée de rouge, ne sachant si elle était le conquérant, l'assujetti, ou le champ de bataille. Paniquée, elle se débarbouilla à la hâte, enfila ses collants, sa jupe et son chemisier, et se hâta en direction de la cuisine.
Son premier geste fut d'ouvrir la boite en fer-blanc où elle rangeait ses médicaments. Elle en sortit un cachet de couleur rose - un antidépresseur - et un autre de couleur jaune - un neuroleptique. Contrairement au premier qu'elle ingérait quotidiennement, elle n'avalait les seconds qu'en cas de bouffée délirante, lorsque la psychose maniaco-dépressive se manifestait par le biais d'actes incontrôlables.
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Lise était de ceux qui existent plus haut et plus fort que les autres et ne doutent jamais d’eux-mêmes, convaincus que leur destin facile est le produit de leur seul mérite, et non le fruit aléatoire d’une loterie à la fois génétique, économique et sociale. Zoé, elle, était de ceux qui s’excusent d’exister et assistent à la vie comme à une représentation de théâtre, se cantonnant au rôle de doublure, de souffleur ou d’éclairagiste.
Lise s’installait toujours au centre de la classe, au milieu de sa cour de lolitas en sac à main, talons hauts et parfum Chanel. Zoé, à la place du fond, se réchauffant au radiateur des solitaires. Les professeurs raffolaient de l’intelligence impertinente de la première autant qu’ils se méfiaient du mutisme impertinent de la seconde, cette adolescente un peu trop mince dont l’excellence des résultats ne pouvait être perçue que comme la tentative insidieuse d’ébranler leur tutelle.
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Elle savait qu’ils ne se reverraient pas, mais elle hocha la tête. Il était plus facile de maintenir la fiction d’un au revoir que d’assumer le caractère irréversible d’un adieu. Elle regarda leur histoire s’éloigner de cette démarche évanescente qui avait été la sienne, sans trouver le courage ou l’envie de la retenir.
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Zoé ferma les paupières et les bruits s'estompèrent comme si elle avait plongé la tête sous l'eau. Elle n'entendait plus que les battements lancinants de son cœur, dont le tam-tam sourd lui vrillait les tympans...Elle rouvrit les yeux et pensa que Ben allait mourir comme Nino était mort...
Adam la regarda d'un air égaré, sans comprendre. Elle le bouscula afin de pouvoir se pencher sur l'enfant...
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Alors seulement prenait-il conscience des heures passées, évanouies dans cet état de quasi transe. Le monde sensoriel et sa cohorte de nécessités contingentes recouvraient leur empire dans le fracas du vivant. Il réalisait qu’il avait faim, soif ou sommeil, tandis que les chimères de la création se retiraient sur la pointe des pieds.
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La tristesse a une date de péremption. Comme le bonheur, c'est un sentiment entier, organique, qu'il faut saisir au bon moment afin d'en conserver la fraîcheur intacte.
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