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Critique de Sofiert


L'ingéniosité de l'écriture inclusive, la lenteur poétique de cette dystopie, l'interrogation philosophique sur la nature humaine ont déjà été saluées par les critiques précédentes.
Pour ma part, j'ai également apprécié que ce soit grâce à une bibliothèque, dernier vestige de l'ancienne humanité, que Cami se soit nourri et qu'il ait ainsi pu cultiver sa différence, la curiosité.
Que l'auteure ait choisi de leur fournir une carte des muzes ( musées) pour leur exploration des terres renoncées constitue un formidable hommage à l'Art, reconnu comme fondateur de l'humanité. La tentation, pour ce genre de romans dystopiques, étant davantage de confronter les survivants à une technologie ancienne, à un site scientifique ou aux vestiges d'une ville détruite.
Ce choix est particulièrement judicieux puisqu'il permet aux deux explorateurs de découvrir les représentations de la race humaine et de s'en étonner.
" Tu comprends ce que ça veut dire ? poursuit implacablement Cami. Nous avions un corps. Les humains pré-cataclysmiques avaient un corps physique. Peut-être même… organique.
— Mais… Non. »
Ce n'est pas possible."
Toute en subtilité, Aurore Velten nous révèle alors la nature physique des survivants. Leurs corps sont purement mécaniques, alimentés par des batteries, mis en veille à la nuit tombée, mais capables de projetter des hologrammes à forme humaine, ce qui semble par ailleurs provoquer un certain malaise tant cette projection est intime. On est donc face à des êtres humains mécanisés, et l'on s'inquiète à juste titre de savoir si ces formes géométriques ne seraient pas des robots persuadés d'être des humains ( question classique en SF).

La réponse se trouve dans leurs réactions face aux découvertes dans les musées, ceux de Cluny, du Louvre, mais aussi celui des Arts et Métiers. Leur fascination et leur émerveillement devant les "joliesses", même si Paule affirme que la beauté et l'art constituent une hérésie pour le Dogme, sont les symptômes même de leur humanité.
Par ailleurs, Paule, avant même son expédition, possédait un talent caché qui engendrait une énorme culpabilité : elle composait en secret de la musique, les jolissons, en utilisant les sons de la nature. Ce don, en totale contradiction avec les impératifs du Dogme, de même que l'inlassable curiosité de Cami, étaient déjà les manifestations de leurs capacités à s'émouvoir et de leur intelligence propre, en dépit de l'aliénation imposée dans leur communauté.
Ce joli premier roman fait preuve d'intelligence, d'originalité et d'une belle maîtrise.
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