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Critique de Etsionbouquinait


J'ai déjà eu le loisir de dire sur ce blog tout le bien que je pensais de l'émission le Nouvel Esprit Public, de Philippe Meyer, diffusée sur Internet. Quel plaisir d'écouter les différents intervants expliquant sans interruption leur point de vue sur le ou les thémes choisis dans le rendez-vous dominical. Elle est agrémentée de temps à autre par des rendez-vous thématiques ; c'est à cette occasion que j'ai pris connaissance de l'ouvrage de Pierre Veltz, L'économie désirable.

Ingénieur des Ponts et Chaussées, sociologue, économiste, polytechnicien spécialiste des dynamiques territoriales, Pierre Veltz est l'auteur en 1996 de Mondialisations, villes et territoires où il mentionne la concentration des activités dans un ensemble de grandes régions urbaines (on ne peut lui donner tort 25 ans après) ainsi que de la société hyper-industrielle, qui reçut le prix du livre d'économie en 2017.

L'économie désirable a pour dessein de tracer des voies pour « sortir du monde thermofossile ». Un des grands mérites de l'auteur est de nous proposer cette synthèse en à peine plus de 120 pages et d'aller au-delà des idées reçues. Dans un premier temps, il nous montre que l'industrie reste au cours de l'économie (c'était déjà le cas dans son précédent ouvrage) ; on est encore loin d'une société de l' »immatériel ».

Pierre Veltz insiste sur les nécessaires gains d'efficacité dans une société gourmande sur les ressources, tout en nuançant sa portée en raison de l'effet rebond (hausse de la consommation quand on améliore le rapport efficacité-ressources d'un produit) et la profondeur technologique croissante des produits.

Produire mieux, cela est bien connu ; mais la question fondamentale que pose Pierre Veltz est bien celle du quoi produire :
Dans ce cadre, il propose et détaille une vision « mobilisatrice et positive » autour de ce qu'il appelle « l'économie humano-centrée » : toutes les dépenses concernant « l'individu, son corps, ses émotions, son intelligence » représentent les secteurs où l'on devrait se spécialiser.

Enfin, Pierre Veltz passe en revue certains thèmes (l'aspect local, la fiscalité verte, la technologie) et apporte un angle de vue très intéressant allant à rebours de certaines idées bien établies :
• Oui, le local est important mais « la question, en réalité, est moins celle de la « relocalisation » d'entreprises avec armes et bagages, et susceptibles de revenir au pays, que celle de la maîtrise des grandes chaînes de valeurs mondialisées ». Sur la production alimentaire notamment, « l'enjeu de la proximité est social et sociologique avant tout. Il est de recréer du lien concret dans un univers devenu abstrait et impersonnel »
• Il nous incite à prendre compte des interdépendances et des fausses bonnes idées. Par exemple, alors que la grande ville est brocardée, il souligne que la densité reste un moyen très efficace d'économiser la ressource et insiste sur l'importance des réseaux de transport collectif
• L'isolation des logements fait partie justement des points qu'il nuance en terme de gain énergétique

Enfin, la dernière partie du livre sur la fiscalité et la finance est également très éclairante. In fine, il nous invite à voir les limites de la régulation par les marchés et pointe finalement le rôle nécessaire de l'Etat et de la planification pour construire cette économie dite désirable.
Livre passionnant, extrêmement riche que je vous conseille vivement

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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