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Critique de aaahhh


Lors d'une cérémonie d'obsèques, il va de soi que le commun des mortels s'émeut! La perte, les adieux, la douleur, la nostalgie, la peur de la mort, de la solitude, les prémisses du deuil avec toutes les émotions qu'il engendre... Quel que soit l'enterré, qui que soit le survivant, une foule de sentiments puissants et ambivalents s'invitent à la fête car si une chose ne laisse pas le coeur humain indifférent, c'est bien la fin d'une vie!

Mais notre héros n'est pas le commun des mortels, et si son coeur, humain, bat comme le notre, c'est d'une toute autre façon que le votre et le mien... En effet, l'homme qui nous invite à le suivre, à marcher droit et tourner en rond, est atteint du syndrome d'Asperger, forme particulière de l'autisme qui se définit, en plus des symptômes habituels de difficulté à établir des rapports sociaux et à communiquer, par le fait que ses sujets sont souvent très intelligents malgré leurs difficultés émotionnelles. du coup, quand il se rend à l'enterrement de sa grand-mère, notre narrateur ne le vit pas de façon ordinaire puisqu'au lieu de s'émouvoir, de souffrir, de sentir tout simplement, lui va penser, et à sa manière... Et sa pensée, libérée des conventions sociales, des règles de circonstance , du poids des émotions et de l'empathie, va nous mener dans un portrait de famille caustique, mordant, sans aucune concessions mais aussi plein d'humour décalé et de tendresse.

Pour commencer, il se demande par exemple, pourquoi l'officiante s'évertue à présenter sa grand-mère défunte comme une femme honorable alors que de toute évidence, si l'on met les faits bout à bout, elle ne l'était pas! du père gentil mais bébête aux cousines frivoles, personne n'est épargné et c'est un petit régal que de regarder le monde sous le regard d'Asperger, tout du moins celui que nous en montre Emmanuel Venet. On se dit même, à certains passages, qu'on devrait tous être un peu plus Asperger parfois, pour le bien de la vérité, de l'honnêteté et de la transparence... Et puis finalement non... Asperger n'est pas forcément une bénédiction et une des grande force du roman est justement cette évolution de point de vue: on démarre sur les chapeaux de roue et on sourit beaucoup; on se marre franchement même parfois, avec ce héros non-conventionnel et puis plus ça avance plus on saisit le grave derrière la façade, la manque derrière la facilité, l'incapacité sous la transparence...
Alors non, vivre avec Asperger ça ne doit vraiment pas être facile, ni pour le malade ni pour ses proches, mais quand-même, quel bel angle de vue pour dresser un portrait de famille comme on aime les lire: sévère mais juste, grave mais drôle!

J'ai souri, ri, pensé et repensé! Je n'en demande pas mieux à un livre et "Marcher droit, tourner en rond" est pour moi une petite perle littéraire que j'ai eu bien du plaisir à rencontrer!
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