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Critique de Plumefil


"Mon mari" est un roman que j'ai subi plutôt que lu. Toutefois, ma pugnacité m'a conduite jusqu'au bout avec une petite rengaine insistante en tête : "Nooon, ce n'est pas possible !", "Allez, un chapitre de plus, il va bien finir par se passer quelque chose...", "je n'y crois pas !". Un festival ! Au lieu de me trouver "projetée dans ce théâtre amoureux", je me serais volontiers projetée contre un mur !
Quand je vois ce récit qualifié de "délice irrésistible" (A.Nothomb) ou "d'irrésistible drôlerie", je me dis, que ce soit au deuxième, troisième ou quatrième degré, en décalé, à l'envers ou à l'endroit, je cherche encore l'humour ! Je ne suis donc pas sur la même planète satirique que d'autres, bien que je sois plutôt bon public. La hauteur de l'ironie m'a perdue. Impossible de la suivre dans les brumes de l'altitude, dépourvue du matériel de varappe adéquat.

Tout d'abord, la narratrice, dont on ne saura jamais le prénom, pas plus que celui de son époux, m'a prodigieusement agacée par son sentiment de propriété : MON mari (d'où le titre justifié du livre) qui revient jusqu'à cinq fois sur une page de 23 lignes (si, si j'ai compté !), MA maison, MES amis, MA femme de ménage, et j'en passe comme MON corps, MES jambes, MES cheveux, etc. Cette narration possessive m'a usée !

Ensuite le sujet : l'amour fou. Cette expression est à comprendre ici au sens littéral du terme. L'épouse est totalement cinglée. Suit la contre-partie obligée, sa jalousie maladive. Elle décortique avec force de détails sa journée et son inspection en règle de SON mari dès qu'il passe la porte de LEUR maison. Ce qu'elle ne sait pas, ne supportant pas cette ignorance, elle l'imagine de façon débridée, sans limites. Aucune des idées les plus folles ne nous est épargnée. Pourtant, elle n'a pas un comportement parfait, sans aspérité, à découvrir si vous voulez tenter cette lecture, à vos risques et périls. J'ai cru un instant que l'histoire allait éveiller mon intérêt... Déception ! MON mariage, MON maquillage et MA corbeille à fruits dans MA cuisine m'ont ressauté à la gorge en reprenant la monotonie du quotidien.

S'attendrir sur les pellicules de son chéri, n'est vraiment pas ma tasse de thé. le désintérêt pour ses enfants au profit exclusif de son conjoint, non plus. Je pense que l'amour revêt différentes formes et le coeur enfle de tous les bonheurs qui le remplissent, il ne se racornit pas sur une seule et unique cible. J'accorde volontiers l'honnêteté désarmante de l'héroïne, reconnaissant tous ses travers, mais son amour obsessionnel pour son mari l'entraîne dans un trouble compulsif permanent et irrépressible, totalement insupportable.
Certains n'ont pas vu venir la fin. Honnêtement, j'avoue, moi non plus. Malheureusement, je n'étais déjà plus dans l'effervescence de la découverte d'un auteur, épuisée par la litanie des petits détails passés au crible de l'analyse d'un amour schizophrénique. En refermant ce bouquin, je n'ai pu m'empêcher de penser : "Finalement, ces deux-là étaient faits pour s'entendre, ils sont aussi givrés l'un que l'autre !".

Pour moi, il y a beaucoup mieux comme lecture-détente, car "Mon mari" a plutôt été crispante et décevante. Heureusement qu'elle ne couvre que sept jours de la semaine, du lundi au dimanche. Certes, une nouvelle aurait été plus judicieuse qu'un roman de 356 pages pour ressasser un sujet saoulant par ses répétitions et sa platitude de rythme. Néanmoins, je ne sous-estime pas la qualité d'écrivaine de Maud Ventura. Je suis persuadée qu'elle est capable d'écrire un récit bien meilleur que ce premier roman, même avec l'humour déjanté qu'elle semble vouloir distiller et dont je suis si friande.
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