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Critique de Elvynaa


Merci aux éditions du Félin et à Masse Critique pour ce bel ouvrage des plus intéressant. Ce dernier est une sorte de réedition synthétique d'une biographie déjà existante mais bien plus complète publiée par les éditions du Félin.

Ce livre est composé de trois parties : la première "Dom Henrique, Dieu et la Croisade" nous retrace l'origine d'Henri le Navigateur, fils du roi guerrier João Ier d'Aviz et de la reine Filipa de Lancastre, petite-fille d'Edouard III, notamment connue pour sa laideur. Vous pourrez y trouver des arbres généalogiques vous permettant de reconstituer les liens de famille existants entre les Lancastre et les Aviz et ainsi de savoir où se situe notre protagoniste Henri le Navigateur. Nous pouvons également suivre l'histoire des conflits opposant la Castille et le Portugal. Conflits qui ont épuisé l'armé et les caisses portugaises.

Bien plus qu'une biographie, cet ouvrage nous reconstitue de belles scènes de batailles notamment la prise de Ceuta en 1415, la peur qu'a ressentit le roi en pensant que ses fils étaient morts, l'enfance de João à Sagres, où il passera une bonne partie de sa vie à recevoir des artistes peintres, des musiciens au sein de sa "Vila do Infante" dans laquelle il a rassemblé de magnifiques cartes de voyages notamment les récits de Marco Polo. Vous apprendrez également quels étaient les conflits en jeux à l'époque avec les colonies anglaises présentent en Castille et au Portugal.

La seconde partie : "Le Portugal des découvertes, atout et espérance" se concentre d'abord sur une vision plus large des conflits qui touchent les pays limitrophes et voisins du Portugal puis sur l'aspect matériel et alimentaire des croisades. La France ne se remet que doucement des affres de la Guerre de Cent Ans à l'invective de l'arrière grand-père d'Henri le Navigateur, Edouard III. En Angleterre, le pays se bat pour garder ses colonies en Guyane et Normandie.
Nous découvrons également la soif d'expansion dont a besoin le pays pour s'affranchir des pays voisins. Venise, notamment, est prise en exemple lorsque dom Henrique souhaite faire de Sagres "la Venise miniaturisée" en raison de la force de son Arsenal État. En effet, Venise est reconnue comme LA créatrice de galères de guerre et de patrouille. Puissance dont à besoin le Portugal pour croiser jusqu'en Afrique.
On nous explique également les raisons matérielles qui ont poussé les Aviz à croiser jusqu'en Afrique : le désir de terres fermes, de blé, de sucre, de sel mais surtout d'or... La population du Portugal a été décimée par la peste noire. Le pays survivait alors grâce à l'exportation de leur vin. Cependant, le besoin en blé s'est vite fait ressentir dans la mesure où le pays n'était pas producteur de cette denrée. La seule solution et la seule convoitise était alors le blé marocain. Il faut savoir que le sucre faisait également l'objet de convoitise dans la mesure où cette denrée était très rare et uniquement présente dans certaines plantes et fruits. Le sel, lui, était indispensable à la conservation des poissons et viandes séchées. Enfin, la dernière des raisons qui a légitimé ces croisades reste sans nulle doute l'or du Soudan.
La seconde partie de ce chapitre se concentre sur l'importance de la flotte portugaise telle que la création de la "caravelle portugaise" grâce au bois découvert lors de la colonisation de Madère en 1420 et des Açores en 1431. Nous apprenons également de quelles manières astronomiques, géographiques et même mathématiques, la flotte portugaise à réussi à rejoindre l'Afrique.

La troisième : "Dom Henrique, des noirs et des esclaves" décrit la traite des esclaves noires en Afrique déportés au Portugal. En 1441, on les capturait afin de récupérer le plus d'informations sur leurs habitudes, leurs croyances, tout ce qui pouvait servir à renseigner l'Infant, Henri le Navigateur. Ils ont ensuite servis comme mains d’œuvre dans les champs de canne à sucre dans les nouvelles colonies de Madère et d'Açores. Plus de 140.000 esclaves noirs ont été déporté entre 1450 et 1505. Nous apprenons également grâce aux "Chroniques" de Zurara (il aurait été une sorte d'archiviste auprès de dom Duarte, roi du Portugal de 1433 à 1438) que l'évangélisation de ces derniers s'est passé à merveille car ils ne ressemblaient et n'agissaient en rien comme les esclaves Maures, qui eux, se débattaient et tentaient de fuir du territoire à la première occasion et ne semblaient guère enclins à apprendre une nouvelle religion.

En conclusion, cet ouvrage nous permet de comprendre les raisons religieuses, matérielles et démagogiques qui ont poussé l'Infant à entreprendre son long voyage de 1415 à 1498, soit 83 ans de périple, avec des raisons, de prime abord, peu propices à la réussite et la gloire du Portugal : périple onéreux, non vitale pour le pays, un manque important de troupes et de vaisseaux mais également, un risque non négligeable de laisser le pays sans défense.

Vous retrouverez à la fin de l'ouvrage 6 cartes ainsi qu'une chronologie vous permettant de retracer le voyage de l'Infant.

En soit, un très bel ouvrage, extrêmement facile à lire, ouvert à tous les curieux de navigations, de conquêtes, d'histoire bien sûr.

Je vous recommande de partir sur les traces, à votre tour, de ce nouveau Marco Paulo !
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