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Critique de Newsorleanswebradio


J'ai reçu ce livre et la présentation m'a beaucoup plu. Un format facile et esthétique, un beau papier, une mise en page et une police de caractères agréables à l'oeil, un souci écologique en veillant à ce qu'on atteigne exactement 192 pages.
Ayant travaillé dans l'édition pendant quelques années après ma retraite, je suis sensible à ces détails.
En me portant candidate pour lire ce livre dans le cadre de la masse critique de Babelio, je savais que ce serait compliqué. Depuis, j'ai vu que nous y étions 12 lecteurs, mais, à ce jour, aucun n'a rien publié à propos de ce livre, comme si chacun attendait le signal pour le faire… ou plutôt que quelqu'un d'autre commence.

Cela va donc être moi.
Je précise tout d'abord que je ne suis pas habituée à lire ce type de livre et donc, encore moins, à en faire la critique.
J'ajoute que, sachant qu'il s'agit d'un livre de Françoise Vergès, je ne pouvais m'attendre qu'à un livre très engagé et à un message virulent. Je suppose que le lecteur ne peut pas être indifférent : soit il adhère au texte, soit il est contre. La neutralité ne lui est pas possible.

Pourtant, je considère que mon rôle n'est pas de promouvoir ce livre mais de présenter son contenu de la façon la plus neutre possible.

Que vais-je donc en dire ?
Le titre : de la violence coloniale dans l'espace public.
C'est ce qui a accroché mon attention ; pourtant, il s'agit uniquement de l'espace dans le triangle de la Porte Dorée. N'étant pas parisienne, il m'a fallu commencer par le situer.
Qu'y trouve-t-on ?
Le palais de la Porte Dorée, construit pour l'exposition coloniale de 1931.
Le monument érigé en hommage à la mission Marchand.
Voici donc les éléments sur lesquels ce livre s'appuie.

Françoise Vergès est – dans la lignée de sa famille – anticolonialiste et féministe. le ton est donné dès la page 9 par le choix d'une écriture multigenre. J'avoue que j'en ai été agacée ; en effet, il me semble que la langue est le fruit de nombreuses évolutions, de changements progressifs au fil de l'évolution de la société et des mentalités ; j'ai donc considéré cette prise de position comme un « coup de force ». Par la suite, au cours de ma lecture, j'ai zappé tous les mots écrits de la sorte. C'est mon choix et je l'assume.

Ce livre est écrit en cinq parties :
- Paris, « une ville aux multiples visages », une ville où sont érigés des statues ou des monuments à la gloire d'hommes (au sens masculin) ayant joué un rôle dans des formes de colonisation (par exemple, Colbert et Gallieni, mais aussi saint Louis).
- Les bas-reliefs du palais de la Porte Dorée, palais élaboré pour l'exposition coloniale de 1931. La présentation et l'analyse sont faites par l'autrice du livre et diffèrent, évidemment, de celles qui sont publiées sur le site internet du musée.
- le monument érigé en l'honneur de Jean-Baptiste Marchand et à la gloire de l'expédition Marchand-Congo/Nil (1896-1899). C'est la partie la plus longue du livre qui raconte une histoire de la conquête coloniale.
- Décolonisons. Il s'agit d'une injonction à libérer l'espace public des traces de la conquête coloniale, une approbation des actions violentes qui ont pu être commises pour détruire des monuments existants. C'est, à mon avis, la partie la plus violente du livre.
- Cahier iconographique. Suivi d'une bibliographie.

J'ai lu ce livre très vite et avec beaucoup d'intérêt. Je connais assez mal cet aspect de l'histoire de notre pays et cela a été pour moi une découverte bien que je sois consciente que les aspects développés sont uniquement ceux qui servent le point de vue de l'autrice !

Le mérite de ce livre est que cela m'a donné envie d'en savoir davantage. J'ai donc prévu de me rendre dès ce dimanche sur les lieux évoqués afin de me faire ma propre opinion.

J'ai également lu la littérature ancienne que j'avais à ma disposition. En effet, quand on parle aujourd'hui des colonies, on n'a pas le même regard que celui du citoyen du XIXe siècle. Les lois changent, mais surtout les mentalités évoluent ; cela ne peut se faire que de manière progressive. J'ai retrouvé le récit des conquêtes coloniales dans le Lavisse de 1921 (Histoire de France contemporaine) ; tome 8, on peut lire page 375 : « le Soudan, purgé des chasseurs d'esclaves, a commencé à se repeupler… Ces peuples nègres, restés enfantins, n'avaient jamais formé de nation ; aucun sentiment national d'indépendance ne les animait contre les blancs ; ils se sont vite habitués à obéir aux officiers français et à respecter la civilisation européenne… ». Aujourd'hui, un tel texte soulèverait l'indignation. Il n'en était rien à l'époque.

Et je me garderais bien, contrairement à l'autrice (page 121), de déclarer que les gens qui ne sont pas d'accord « font preuve d'ignorance et déploient une certaine malhonnêteté ».






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