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Critique de wellibus2


C'EST AVEC BONHEUR et délectation que je vous présente cette lecture belge complètement atypique. Loin d'être simplement original, Verheggen y déconstruit totalement toutes les conventions de la littérature classique. Pas la peine de chercher une trame, des personnages, une prise de position explicite ou même une leçon à tirer, vous risquerez d'y perdre tout intérêt. Pour ma part, j'ai trouvé dans ce livre de quoi abreuver ma soif de jeux de mots et de divagations phonétiques.

Le titre, grande boutade à l'auteur du Degré zéro de l'écriture, m'avait au départ préparée à rencontrer des prises de position allant à contre-courant des modèles littéraires enseignés dans les écoles ou les universités. Pourtant, la référence textuelle à Barthes et aux enjeux de l'écriture s'arrête là. En omettant de critiquer le contenu ou la forme d'une oeuvre idéale, Verheggen laisse toute la place au plaisir personnel qu'on éprouve envers sa langue maternelle. Finalement, après avoir abandonné toutes mes conventions et mes attentes, je me suis ouverte à une ode à la subjectivité.

Restez attentifs, chers lecteurs, si vous ouvrez un jour le Degré zorro, à tous les détails de la mise en page et aux coquilles volontaires qui retournent le sens des mots. Il y a entre ces lignes un trésor de surprises pour celui qui veut se laisser troubler, car comme le dit l'auteur, « au fond, c'est aussi cela mon écriture. Cette débilité totale et à la fois cette réinvention continuellement perturbatrice. Comme s'il s'agissait de sous-titres décalés. Comme si, toujours, j'étais un plan en retard ou en avance, ratant la marche. »

Plus personnellement, je me suis prise d'affection pour ce texte qui me rappelait mes mots d'enfants ou le wallon de mes grands-parents. Heureuse d'abandonner un temps la recherche de style, d'excellence ou du bien dit, je me suis retrouvée dans les tréfonds du français et de ses amies les langues romanes. Et c'était un réel plaisir de lire un auteur qui s'appropriait les tabous littéraires et les patois wallons pour la pure satisfaction que leur prononciation peut provoquer.

J'ai été très heureuse de m'attarder plus longtemps sur ce poète en prose que je connaissais uniquement de réputation. Un livre que je reprendrai certainement lorsque je me sentirai étouffée par le désir de faire sens afin de retrouver la jouissance des mots, simplement.


http://monsalonlitteraire.blogspot.fr
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