Citations sur Comment ma femme m'a rendu fou (39)
Et si, en ta qualité de septantenaire divaguant, tu n’es pas considéré comme un loser, ce sera au minimum comme quelqu’un qui n’a que ce qu’il mérite. Tu seras soupçonné, à Dieu ne plaise, d’avoir consommé trop peu d’huile de poisson, trop peu de noix aussi. D’avoir préféré les feuilletons à l’eau de rose aux livres à intrigues sophistiquées, bu plus d’alcool que ne pouvaient tolérer tes neurones, méprisé les mots-croisés et jamais lu un journal dans une langue étrangère. Tu seras celui qui a préféré laisser son cerveau paresser plutôt que l’exercer, qui n’a pas fait l’effort d’apprendre convenablement les nouvelles technologies. Ta démence c’est à toi seul que tu la dois ! C’est ainsi que certains te verront.
Tu as des devoirs familiaux et d'autres, ce qui souvent revient de nouveau à parler et écouter, et j'en avais tout simplement plus envie, de toute cette pantomime sociale. Je voulais du silence enfin, et être seul avec mes pensées. Ici, j'y parviens plus ou moins. C'est le seul endroit où l'on accepte que je sois complètement retiré en moi-même.
Beaucoup parmi les nouveaux arrivants se persuadent qu'ils ne vont rester ici que quelques jours tout au plus et tombent dans une dépression difficile à soulager quand ils finissent par comprendre que le lien avec le bercail est définitivement rompu...
Un petit chien-chien à sa mémère, velu et docile, ce Pablo, qui offre à de nombreux petits vieux le plaisir de pouvoir donner encore un peu d'amour à quelqu'un ou quelque chose.
D'après ce que j'entends dire, de plus en plus d'institutions engageraient avec succès des animaux domestiques dans leurs effectifs. Le prix d'un sac de croquettes n'est en rien à comparer avec le salaire pourtant misérable d'un travailleur social. Et puis on peut se poser la question de savoir qui apporte le plus à une personne en train de s'éteindre : un petit épicurien content et tranquille sur les genoux, ou une torcheuse de culs au caquètement suraigu dont l'humeur est gâchée par sa conscience d'être sous-payée ?
La probabilité d'être marié avec son propre assassin était statistiquement beaucoup beaucoup plus grande que celle de se faire occire par un quidam dans une grande ville. Le mariage, dans notre société, restait le milieu criminel numéro un, avec une fameuse avance même, et pourtant on n'entendait jamais un parti extrémiste monter aux barricades contre cette séculaire institution bourgeoise ! Au contraire, ils osaient même parler de la famille comme de la pierre séculaire de notre civilisation !
On ne pouvait indéfiniment m'assommer à coups de piqûres et de somnifères. Ou m'attacher; une pratique avilissante qui à mon grand étonnement était encore couramment utilisée et qui me faisait vachement mal aux poignets et aux chevilles.
Mais un homme, et je parle de moi, qui a grandi dans une société où la foi n'a pratiquement jamais été mise en question, et qui justement considère son agnosticisme comme une conquête, le produit d'une pensée active et intrépide, se sent tourné en ridicule quand on lui colle l'étiquette "catholique" sur le front.
Monik n'avait jamais saisi la beauté d'un intérieur sobre, ce qui explique pourquoi chaque millimètre carré rue des Azalées était à l'époque surchargé de vases, plumes de paon, nains, horloges et tutti quanti. Sa crainte du vide, elle l'a illustrée ici en inondant ma très petite et déjà très oppressante chambre de cadres.
il m'apparaissait doucement que ça ne valait plus la peine d'investir dans mon confort et que mon droit à un minimum de qualité était périmé . "pourquoi encore dépenser de l'argent pour une armoire neuve,solide? il ne s'en rend de toute façon plus compte."