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Critique de Armony22


Dans ce roman choral, Katherena Vermette donne voix à neuf femmes et un homme. Quatre générations de femmes, issues presque toutes de la même famille, qui vont tour à tour s'exprimer sur l'agression dont à été victime l'une des leurs. Elles nous livrent également des tranches de vie, leurs joies, leurs peines, leurs difficultés à s'intégrer parmi les blancs, tiraillées entre deux cultures et toujours victimes de discriminations. Leurs histoires m'ont happée dès les premières pages et m'ont beaucoup touchée. Il y a des passages très beaux, d'autres très durs et d'une rare violence.

Les personnages d'une grande profondeur sont nombreux. L'arbre généalogique en début de roman a été très utile pour me repérer au commencement de ma lecture. Les sujets traités sont abondants. Outre la violence sous diverses formes, l'auteure aborde entre autres les thèmes du racisme, l'alcoolisme et les drogues, les gangs, le deuil, les traditions culturelles.

" - Je suis différent, je suis un sang-mêlé, Je le serai toujours, la moitié du sang de l'un et la moitié de l'autre. Différent des deux."

Le roman s'articule autour de l'enquête. C'est là qu'intervient la voix de l'homme, Tommy, métis et enquêteur sur l'affaire. Lui aussi subit le racisme ordinaire au quotidien de la part de son coéquipier.
Lors de sa résolution, j'ai été ébranlée par l'identité de l'agresseur. L'auteure, une fois de plus, met en exergue la transmission transgénérationnelle de la violence et les répercussions qu'elle entraîne. La toile qu'elle tisse tout le long du livre nous apparaît enfin dans son ensemble.

" Ma Kookom. L'air sérieux, Stella regarde sa grand-mère droit dans les yeux. "Les filles ne se font pas agresser dans les quartiers sûrs."
Sa grand-mère la fixe malgré sa quasi-cécité. +Ma Stella, les filles se font agresser partout." "

Un article lu il y a quelques années m'est toujours resté en mémoire tellement il m'avait choquée et me révolte encore aujourd'hui. En bref, il était question de la violence que subissent les femmes autochtones, beaucoup plus présente que chez les autres femmes. Environ 70 % auraient subi des agressions physiques ou sexuelles au cours de leur vie et environ 50 % subissent des violences conjugales. C'est sans compter les meurtres et les disparitions. Se sortir de ce cercle de violence est extrêmement difficile, d'autant plus quand ça reste un sujet tabou et décrié.

Un premier roman très réussi, d'une grande densité, fort, sensible et poignant. Un roman très noir et sombre illuminé par l'entraide et l'amour qui transpire à chaque page. Une très belle histoire de femmes fortes, de sororité et de résilience et un très beau texte chargé d'émotions que j'ai adoré.

Je remercie le #PicaboRiverBookClub et Terres d'Amérique pour ce très beau partenariat et cette excellente découverte.
Lien : https://www.facebook.com/lec..
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