AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Clelie22


Nous sommes en 1881. Tout au bout du continent américain, les terres de la Magellanie n'appartiennent à personne et ne sont peuplées que d'indiens misérables vivant de chasse et de pêche. Parmi eux vit un homme blanc seulement connu sous le nom de "Kawr-djer", le "bienfaiteur". Celui-ci s'est dévoué à ses populations qu'il soigne et secourt autant qu'il le peut. Il vit avec Karroly, un Indien qui pilote les bateaux de passage dans les canaux du détroit de Magellan, et le fils de celui-ci, Halg, auquel le Kawr-djer a transmis son savoir et ses idées libertaires. Car si le Kawr-djer s'est isolé loin de toute civilisation, c'est pour pouvoir vivre en paix ses idées anarchistes : ni Dieu, ni maître. Une nuit de tempête, le Kawr-djer, Karroly et Halg viennent en aide à un navire en perdition au large du Cap Horn. Malgré les efforts du Kawr-djer, du maître d'équipage et de Karroly, le Jonathan s'échoue sur les récifs de l'île Hoste. Très rapidement, le Kawr-djer va voir ses belles idées sur la capacité des hommes à se gouverner eux-mêmes mises à mal par la réalité.

Ce roman de Jules Verne ne jure pas avec le reste de la bibliographie de cet auteur : aventure et dépaysement garanti. Cependant, Jules Verne y a intégré toute une réflexion sur les systèmes politiques qui est très intéressante. Avec beaucoup de nuances, il montre la beauté des idées généreuses et leurs limites . C'est à la fois très intéressant et agréable à lire. Jules Verne sait donner un bon rythme à son histoire ainsi qu'une vraie profondeur psychologique à son héros. Ma seule réserve sera sur la façon dont il présente les indiens, symptomatique de son époque. Dès le premier chapitre, j'étais plutôt choquée :
"Quelques minutes plus tard, par une coupure de la falaise, apparut un adolescent d'environ dix-sept ans, que suivit de près un homme dans la maturité de l'âge. Assurément, tous deux étaient Indiens, à en juger par leur type bien différent de celui de ce blanc, qui venait de prouver son adresse par un si brillant coup de fusil. Bien musclé, larges épaules, torse puissant, grosse tête carrée portée sur un cou robuste, taille de cinq pieds, très brun de peau, très noir de cheveux, des yeux perçants sous une arcade sourcilière peu fournie, barbe réduite à quelques poils, tel était l'homme, qui paraissait avoir dépassé la quarantaine. Les caractères de l'animalité, mais d'une animalité douce et caressante, le disputaient à ceux de l'humanité, chez cet être de race inférieure, qu'on eût été tenté de comparer, plutôt qu'à un fauve, à un bon et fidèle chien, à l'un de ces courageux terre-neuve, qui peuvent devenir le compagnon, mieux que le compagnon, l'ami de leur maître. Et ce fut bien comme un de ces dévoués animaux qu'il accourut à l'appel de son nom."
Tout y est ! de la grande supériorité de l'homme blanc et l'infériorité des sauvages qui ne s'élèvent qu'à peine au-dessus des animaux.

En résumé : malgré quelques lignes malencontreuses sur les "sauvages", ce roman de Jules Verne est à la fois un bon roman d'aventures et une réflexion pleine de finesse sur les limites des idées libertaires et anarchistes.

Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}