Et puis, se réjouir de voir d'autres mains apprendre à de plus menues la fierté de tenir le crayon, de tracer des mots et d'entrer dans la magie de l'écrit. « Ça change la vie de savoir lire », dit ce petit garçon qui a tout compris.
La vie, elle, s'écrit directement au propre. Ni gomme, ni rature, ni page arrachée, recommencée, recopiée ne lui sont accordées.
Toujours, les enfants ne nous suivent que pour mieux nous précéder. Ils sont chez eux dans l'avenir et nous apprennent cette vie où nous les avons jetés.
Je noyai très tôt ce soupçon dans la lecture, dans l'imaginaire. Pour ceux qui l'ont chopé, comment s'enracine et se consolide le goût de s'évader dans les mots ?
Demain, LA maison, ce sera chez elle, chez eux. Après combien de temps cesse-t-on de dire la maison en parlant de celle où on a grandi ? Combien de temps faut-il pour quitter ? Pour nidifier à son tour ?
Dès le premier jour, trois kilos de chair douce à porter, tous les possibles sont ouverts et toutes les séparations annoncées.
Au mur de ma cuisine d'aujourd'hui, j'ai dessiné au feutre jaune la formule de Voltaire : le paradis est là où je vis.