AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de RegisMessac


Un crime mystérieux dans une petite ville alsacienne. le détective se déguise en marquis et va faire son enquête auprès des diverses notabilités. Entre autres, il va voir l'instituteur. Les lecteurs des Primaires nous sauront gré de transcrire ici le passage :
« Ce jour étant un jeudi, il n'y avait pas classe. M. Villard, installé à sa chaire dans la salle d'école déserte, corrigeait des compositions en fredonnant la Carmagnole. (Ndlr des Primaires : Cet instituteur retarde ; il devrait chanter l'Internationale.) Tout de go, il débita au marquis ce petit discours, sans paraître se rendre compte des contradictions qu'il impliquait :

— Je n'ai pas pour habitude de mâcher mes expressions, monsieur le marquis. Je suis ce que l'on appelle un républicain farouche. Liberté, égalité, fraternité : je crois à ces trois mots-là (Ndlr des Primaires : il est en plus retardataire), et, sans nier que la noblesse fait beaucoup pour le développement des lettres et des arts, je la condamne. Entendez-moi bien : je ne soulève pas une question de personnes, je condamne un principe. Je suis pour l'abolition des privilèges. Vous ne m'en voudrez pas : c'est un homme entier qui parle. Sorti de cela, croyez-moi, monsieur le marquis, très que Mortefont abrite dans ses murs un homme de votre qualité, représentant de l'élite... »
II y a dans la même petite ville un curé dont l'église possède trésor. Ce curé ne s'embarrasse point de la contradiction entre la richesse de son église et les paroles du Christ : « Il serait plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille… » Non, car ce curé n'est pas un primaire. Et d'ailleurs, quand il parle, il ne cite pas l'évangile. Comme ça, il n'y a pas de contradiction. Ce même curé possède dans son prie-Dieu toute une collection de flacons d'eau-de-vie de mirabelles. Et il leur donne l'accolade, même quand il est malade et que sa gouvernante vient lui porter au lit un oeuf à la coque et un verre d'eau de Vichy. Il est vrai que, cette fois-là, il s'agit d'un faux curé ; le vrai est déjà mort. Mais comme il y a toute une collection de bouteilles vides et que le curé n'est là que depuis quelques heures, on est bien obligé de croire que c'est le vrai curé qui les a vidées avant de mourir.

S'il y a un faux curé, il y a aussi un faux père Noël — deux faux pères Noëls... On s'y perd, et l'on est tenté de trouver que M. Véry abuse un peu de cette ficelle mélodramatique qu'est l'erreur sur la personne. Mais, entendons-nous bien : nous ne soulevons là qu'une question de principe. Sortis de cela, nous nous plaisons à reconnaître en M. Véry un représentant de l'élite des auteurs de romans policiers. Qu'il nous excuse si nous le faisons dans le ton habituel aux Aliborons : nous n'en avons pas d'autre.
Régis Messac
Les Primaires, n° 65, mai 1935.

Lien : https://www.regis-messac.sit..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}