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Critique de Bouteyalamer


Si vous n'êtes pas allé à Pompéi, gardez ce projet pour l'après-Covid, et si vous avez déjà visité la Villa des Mystères, cette lecture vous donnera le goût du revenez-y. Ce livre a une thèse : ces fresques — parmi les plus fameuses de l'antiquité — ne représentent pas un mystère initiatique mais une noce privée, plus précisément des scènes de gynécée autour d'un bain prénuptial ou postnuptial. Elles en décrivent les rites et y ajoutent Bacchus/Dionysos parce qu'il est le dieu des fêtes et du vin, et même, nous dit Veyne, le dieu de l'amour fidèle (lecteur de Phèdre, je croyais Ariane délaissée ; les contes mythologiques ont de bien nombreuses variantes…). L'idée du mystère viendrait du van dans lequel le phallus est couvert, mais cette image était paraît-il banale et réjouissante, l'auteur apportant force exemples à l'appui.

L'illustration est complète, de qualité suffisante, quoiqu'inférieure à celles du Sexe et l'effroi de Quignard dans l'édition de 1994. À la différence des sombres méditations de ce dernier, Veyne nous raconte avec simplicité le confinement des femmes, la vie privée des notables de province, et l'importation des arts à l'époque hellénistique. Il revient longuement sur le rôle de la religion romaine, pimentée pour quelques privilégiés par l'initiation aux Mystères dont ils attendaient quelques avantages dans ce monde ou dans l'autre. Dans sa tranquille mécréance, Veyne décline les alternatives de l'émoi religieux : « Le choc existentiel était sans commune mesure avec sa cause probablement médiocre. On connaît ces passionnés dont une révélation plus grande ou plus petite a changé la vie : la poésie, la lecture d'Épictète, un gourou, les activités charitables, l'idéal de mourir en combattant, la chaleur éthique où politique, un fan-club d'Elvis Presley, l'alpinisme, l'éternité spinoziste, la science, la peinture ; il a fallu multiplier les substantifs, tant l'âme humaine est polymorphe et tant la frontière entre ses intérêts et ses imaginations est flottante. Loin d'être la forme éminente de ces conversions de tous l'être, la religion n'en est qu'un cas particulier » (p 77).



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