AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'enfant volée : Soumise à la violence de sa famille (9)

Rien n'excuse évidemment le comportement de Noury, qui est un criminel, mais j'ai conscience de l'avoir souvent provoqué. Je ne suis pas insolente, je suis naturellement insoumise. Je trouve que c'est une qualité. Pas Noury.
Commenter  J’apprécie          10
Cette époque est celle où Noury perd tout contrôle de sa violence. Un jour où je dois repasser ses chemises avant d'aller au lycée, il me reproche un tout petit pli mal fait sous un bouton. Il me saute dessus et me bat. Je hurle. C'est d'une telle violence que ma tante Naadi, qui habite au-dessus avec mon oncle Moufid, descend et s'interpose. C'est rare.
Une autre fois, quatre de mes oncles, je ne sais plus lesquels mais il y avait Noury et Azz, c'est sûr, me frappent en même temps pendant que je me roule par terre. Je ne sais même plus pourquoi ils me battent, cette fois-ci. Mais je me souviens que j'ai été sauvée par mon père qui, bénéficiant d'une permission de l'hôpital, est arrivé à ce moment-là pour nous rendre une visite. Il m'a arrachée à eux et m'a emmenée. Nous avons passés quelques heures ensemble. Nous sommes allés nous balader sur la plage, mais il a bien fallu qu'il me ramène.
Commenter  J’apprécie          10
Pourquoi une image plutôt qu'une autre s'imprime-t-elle à vie dans un cerveau ? Pour moi, ce n'est pas celle des intrusions, des violences ; étonnamment, l'image qui ne s'effacera jamais de ma mémoire, celle qui revient parfois à l'improviste à la terrasse d'un café ou au milieu de la nuit, c'est celle, puante et tellement physique, de Noury qui remet son slip.
"Ce soir de l'été 1986, c'était la première fois. Cela recommencera chaque fois qu'il l'aura décidé, c'est-à-dire presque tous les jours, entre mes 12 ans et mes 20 ans."
Commenter  J’apprécie          10
Et puis un matin de septembre, Annie est venue. [...] : j'entends sa voix dans le hall, je dévale l'escalier et... en une fraction de seconde et un regard de mépris, elle me fait passer la certitude de rentrer en France à celle de rester là pour toujours, de la confiance à la détresse. Ça ne m'arrête pas pour autant, il faut que je rentre. Je cours vers elle et je veux l''embrasser. Ses mains se tendent, mais c'est pour mieux me tenir à distance. Son geste est inoubliable. Sans dureté, il me dit non tout d'un bloc, immuablement non, non à ce que je suis, non à mon avenir, non à tout espoir. Non.
[...]
"Tu vas en prendre plein la gueule et c'est bien fait pour toi, c'est ta faute."
Commenter  J’apprécie          10
Des milliers d'enfants sont enlevés, raptés, chaque année dans le monde. Plus de cinq cents enfants disparaissent chaque année de France dans ces conditions, et des centaines de dossiers, notamment, sont en litige entre l'Algérie et la France, depuis les années quatre-vingt. En octobre 2020, la chancellerie a admis connaître trois cent dix-huit dossiers "dont la gestion est très difficile", en clair, des dossiers bloqués dont personne, au-delà des familles, ne se préoccupe plus. Compte tenu de la durée moyenne d'un rapt, estimée en fonction des dossiers à sept à huit ans, combien de dossiers accumulés sont réellement dans l'impasse ? Combien d'enfants raptés, par ailleurs, ne figurent pas dans cette comptabilité, du seul fait que les parents n'ont pas déclaré les rapts ? J'en ai des dizaines à l'association, combien sont-ils en réalité ? Qui s'en préoccupe ?
Commenter  J’apprécie          10
Chaque jour m'arrivent les messages des enfants de l'ombre. Ce sont des enfants sans présence, des fantômes que la société ignore. Les enfants victimes de rapts parentaux n'existent pas. En tout cas, pas juridiquement. Ils entrent dans les catégories des enfants victimes de violences, kidnappés, en danger... mais le rapt par un parent, s'il est évidemment contemplé par la loi française, en tant que "déplacement illicite d'enfant à l'étranger", ne fixe aucun statut spécifique de l'enfant, or le rapt par un parent représente une catégorie en soi du kidnapping d'enfant, avec un contexte, une histoire, des processus, des constantes criminelles, qu'une meilleure définition du phénomène ne pourra qu'aider à comprendre. Parce que "mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", mal nommer ces petites victimes, c'est ajouter chaque instant à leur malheur.
Commenter  J’apprécie          10
Parfois, il arrive qu'elle me morde jusqu'au sang. Pendant qu'elle le fait, elle souffle, j'entends sa rage, comme un chien. Il arrive que j'aie sa tête très près de moi et j'ai envie de la frapper mais je me retiens parce que je sais que ça serait pire après. D'autres fois, elle me traîne dans le jardin en me tirant par les cheveux. Elle peut aussi me battre par surprise. Un jour, alors que je regarde la télévision, assise sur le canapé, sans qu'il y ait eu aucune alerte, elle me tire la tête en arrière et la bloque contre le chambranle de la porte du salon, puis elle claque la porte plusieurs fois. Quand je reprends conscience, elle me dit que c'est parce que j'avais mal mis le plaid sur le canapé.
Commenter  J’apprécie          10
Comme pour n'importe qui, le lieu des fouilles, c'est l'enfance. Sauf que je n'ai pas eu l'enfance de n'importe qui. C'est le moins qu'on puisse dire. Hier, j'ai fait le test de Holmes et Rahe. Tout le monde peut le faire, on le trouve en ligne, et il suffit d'avoir un peu de mémoire et de savoir compter. Afin de déterminer une sorte d'échelle de stress, ces deux chercheurs de Harvard ont établi une liste de nombreux événements dramatiques d'une vie susceptibles d'affecter le sujet en une année : mort d'un proche, violences sexuelles, internement, drogue, maladie grave, etc. À chaque événement est attribué un nombre de points qu'on additionne à la fin. Un total de 200 est un signal d'alarme, à 300 ils conseillent un traitement lourd, possiblement une hospitalisation. J'ai choisi quelques années de ma vie, 1985, 1995, 2003, 2007, 2019... Mon total annuel oscille entre 800, les bonnes années, et 2000, les mauvaises... En conséquence, j'ai arrêté mes additions. Beaucoup trop stressant.
Commenter  J’apprécie          10
Ma mère biologique s'appelle Annie. Je l'appelle ma génitrice. Elle naît dans les années cinquante en Bourgogne. À 14 ans, elle rencontre un homme de 26 ans, mon père. Tout de suite, cela dégénère. Il a douze ans de plus, il est Algérien, athée et sans vraiment de métier, disons vaguement mécanicien, mais surtout c'est un rêveur un peu anar et sans autre but dans la vie que vivre et laisser vivre.
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (20) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1713 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}