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Critique de Musa_aka_Cthulie


Le musée de l'Orangerie à Paris avait proposé fin 2011 cette très jolie exposition, aux salles malheureusement étriquées, sur un sujet quasiment ignoré du public français : la peinture espagnole de 1890 à 1910. On imagine bien que si tous les peintres de cette génération sont aussi peu connus, c'est en partie parce qu'ils ont été éclipsés par la génération suivante, qui ne comprenait rien moins que Picasso, Dalí ou encore Miró. L'expo visait à faire redécouvrir ces peintres qui furent actifs en pleine période Art Nouveau, et qui présentaient des styles très variés.

La catalogue n'était pas une franche réussite, mais coûtait tout de même 35€, et seul le magazine Connaissance des arts avait consacré un hors-série à l'exposition. C'est là l'essentiel des qualités de ce numéro, qui n'apprend pas énormément sur les peintres en question. Cela dit, il a le mérite d'exister (je suis aujourd'hui d'humeur indulgente), puisqu'il les fait découvrir par le biais de reproductions, parfois coupées en deux, et parfois recadrées bizarrement.

Les textes n'approfondissent pas beaucoup le sujet, mais j'aurais tendance à dire que ce n'est pas forcément ce qu'on demande à Connaissance des arts. La commissaire de l'exposition, Marie-Paule Vial, explique en revanche très bien, dans un entretien clair et concis, de quoi il est question : après avoir connu de gros déboires politiques et territoriaux (la perte de son empire colonial, entre autres), l'Espagne s'était refermée sur elle-même. Or, à partir de 1890 environ survint une génération de penseurs, d'écrivains, d'artistes, qui cherchèrent à réconcilier leur appartenance nationale à une ouverture sur les autres pays européens, la France en tête. Les peintres inventèrent de nouvelles formes, héritées à la fois des grands noms de la peinture espagnole et des influences étrangères. Je trouve ces entretiens avec les commissaires d'exposition souvent barbants, car redondants et vantant sans vergogne pendant des pages les mérites d'une exposition sur laquelle on a déjà lu ce qu'ils s'empressent de répéter dans les pages du magazine. Rien de tel ici, et c'est tant mieux. En revanche, le texte suivant de Pascal Torres ne fait que reprendre plus pompeusement les propos de Marie-Paule Vial.

Donc, le lecteur prend ici du plaisir à regarder, je le disais, les reproductions des tableaux de certains peintres que l'exposition proposait de découvrir. Tous ne pouvaient pas être présentés dans le hors-série, mais ce sont les plus intéressants qui ont été sélectionnés : Ignacio Zuloaga, Joaquín Sorolla, Anglada-Camarasa, Ramón Casas, Joaquim Mir et Santiago Rusiñol. On termine, forcément, par un tableau de 1901 de Picasso, vu qu'il était mentionné dans le sous-titre de l'expo et que ça fait vendre. Il est vrai que ledit tableau est dans un style qu'on ne lui connaît pas très bien - en tout cas moins que les autres styles qu'il a adoptés tout à tour. Cela dit, ce n'est pas Picasso qui retient le plus l'attention, mais bien ces peintres que je viens de citer et qu'on découvre avec bonheur. Il y en a pour tous les goûts, mais je dois dire que, malgré mes penchants pour l'Art Nouveau et le symbolisme, dont on retrouve des échos dans les magnifiques tableaux d'Anglada-Camarasa, j'aime tous les autres, tous ceux que ce numéro de Connaissance des arts présente ; ce fut d'ailleurs une surprise pour moi lors de ma visite de me rendre compte que j'étais aussi sensible à la peinture de Joaquim Mir, à ses paysages lumineux et colorés ; j'apprécie également Rusiñol et encore davantage Casas, et je me rends compte, avec mon vieux magazine en main, que l'effet produit sur moi par ces artistes ne s'est pas estompé - on a parfois de mauvaises surprises avec le temps et le recul.

Bien sûr, si j'avais su que je trouverais plus tard le catalogue d'expo en occasion, je n'aurais sans doute pas acheté ce hors-série à l'époque, vu que 9€ pour 32 pages, c'est un tantinet exagéré. C'est malheureusement le prix de tous les hors-séries... On le trouve maintenant facilement d'occasion, surtout à Paris, pour un prix modique. Mais vous pouvez aussi aller vous régaler sur le Net et essayer de trouver des livres qui soient un peu plus consistants sur ces mêmes peintres, qui, j'insiste sur ce point, valent carrément le détour et méritaient bien d'être remis à l'honneur en France. Chacun ou presque peut trouver dans cette brochette d'artistes chaussure à son pied, j'en suis persuadée.
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