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02 février 2012
D'un coté un État surpuissant et une population juive israélienne qui semble très majoritairement adhérer aux fondements idéologiques du sionisme, donc à un État juif niant l'Autre, les palestinien-ne-s dans leurs droits d'hier et d'aujourd'hui.

De l'autre, un peuple palestinien profondément divisé en trois composantes : palestinien-ne-s israélien-e-s, palestinien-e-s de Cisjordanie et de Gaza, palestinien-e-s en exil, sans oublier les autres considérants sociaux, l'occupation, la ségrégation, l'apartheid et les milliers de morts.

Une véritable asymétrie, d'autant plus que les grands États de la planète ont apporté ou apportent un soutien, une collaboration à l'État d'Israël et ne remettent pas en cause sa politique et ses violations quotidiennes du Droit international.

Les auteur-e-s abordent de multiples sujets. Je n'en évoque que certains :

« Aspects institutionnels et juridiques de la reconnaissance international de l'État de Palestine » Monique Chemillier-Gendreau nous rappelle, entre autres, que « la souveraineté sur l'ensemble du territoire mandataire a été reconnue au peuple arabe de Palestine par les termes mêmes du mandat de la SDN en 1922 » et que « La volonté d'Israël d'être reconnu comme un État juif n'est pas seulement irréalisable, elle est aussi contraire à tous les principes du droit international. »

« Quand la gauche du Yichouv rêvait de binationalisme » (Dominique Vidal)

« L'étonnant renversement des démographies israélienne et palestinienne 1948-2048) » (Youssef Courbage). J'ai une certaine réticence sur ce type d'article, qui indépendamment des orientations de l'auteur, réduit les questions politiques à des dimensions démographiques très aléatoires en terme de projection. Par ailleurs l'analyse aurait gagné en profondeur en introduisant un point de vue de genre et les écarts/contradictions que cela implique, y compris dans les campagnes natalistes.

« Des économies entre séparation et intégration » Julien Salingue décrit les orientations d'origine sionistes sur « le travail juif » et la « préférence ethnique », les économies sous perfusion, les modifications entraînées par l'occupation/annexion de la Cisjordanie. La majorité des aides internationales reçue par les Palestiniens profite à l'économie israélienne (90% des exportations palestiniennes partent en Israël et 80% des importations en viennent). Économiquement, seule une solution régionale semble avoir un minimum de viabilité.

« Jérusalem, deux capitales et un partage » Isabelle Averan montre comment « Une panoplie législative diversifiée permet à Israël, en violation de la légalité internationale, de transformer les habitants palestiniens de Jérusalem en résidents à Jérusalem » et analyse les choix de « confessionnaliser le conflit pour le détourner de ses enjeux politiques ».

« Israël, l'apartheid et l'État palestinien » Leila Farsakh présente les différences et les proximités des régimes sud-africains et israéliens et justifie l'analogie employée (qui sera, par ailleurs, la base de la campagne internationale Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS)). Elle analyse aussi Oslo en regard de la loi international et les impacts de la colonisation, du mur, des bouclages et des checkpoints.

« de la lutte à mort à la dialectique maître/esclave » Raef Zreik indique que « Cette lutte « implique un minimum de convivialité et un sens prospectif d'un ‘nous' commun qui se substitue à l'opposition habituelle entre ‘nous et eux' ». Il nous rappelle que l'OLP a reconnu « le caractère national de la présence juive en Palestine ». Il conviendrait plutôt de parler du caractère national acquis de la présence juive israélienne. Si la dimension « nationale juive » extra-territoriale peut-être discutée, elle ne saurait être confondue avec celle des juifs/juives israélien-ne-s.

« le vrai problème, c'est la décolonisation » Gadi Algazi souligne « insister sur la nature coloniale du conflit ne signifie pas que ce dernier soit unidimensionnel : il s'agit sans doute aussi d'un conflit national » et indique « la décolonisation représente un processus de réparation des erreurs du passé douloureux et imparfait, pas une machine à remonter le temps ». Il précise par ailleurs « Nous ne devons pas l'oublier si nous voulons saper le colonialisme, et c'est pourquoi il convient de se battre en Israël pour les droits universels et l'accès de tous aux services sociaux – indépendamment de l'ethnie, du sexe, de la religion, de la nationalité ou de l'affiliation politique » et j'ajoute que ce combat reste(ra) valide dans tous les États existants ou à venir.

Farouk Mardam-Bey termine par « Palestine démocratique et laïque : les avatars d'un mot d'ordre »

Des lectures importantes, mais à elles seules insuffisantes pour dégager une ou des pistes crédibles et majoritairement acceptées.

Est ce l'air du temps, même les auteur-e-s prenant en compte les questions sociales, n'envisagent l'avenir qu'à l'aune des questions nationales. Pourtant, les modalités d'auto-organisation, de participation de la majorité des femmes et des hommes, au delà de la révolte contre l'ordre colonial, ont toujours des dimensions sociales. Briser les unanimités factices et faire ré-émerger les dimensions de classe et de genre, peut à la fois permettre de fendiller/ désagréger le consensus interne de la société juive israélienne et créer les ponts d'une convergence d'intérêts des populations. Il n'y a jamais de « solution » nationale sans bouleversement des structures sociales.
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