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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Qui était Vidocq ? Apprenti boulanger, employé de cirque, commerçant, pantomime, gardien de vache, sacristain, instituteur, commis d'apothicaire, sage-femme à l'occasion, cuistot s'il le faut, grand séducteur, marié, presque bigame, cocufié, adultère, divorcé, gigolo, escrimeur de talent, duelliste infatigable, blessé à plusieurs reprises, soldat dans l'armée française puis autrichienne, hussard, marin au service de la Hollande, mutin, corsaire, déserteur, voleur, receleur, contrebandier, accusé de meurtre, de falsification, bagnard, emprisonné un nombre incalculable de fois, évadé tout autant, agent double, détective, chef de la brigade de sûreté, gloire de la police française, écrivain à succès. Telle fut la vie simple et paisible de Vidocq ! Un peu mythomane, aussi ? En tout cas très doué pour forger et alimenter naïvement sa propre légende, sans le moindre soupçon de vraie ou fausse modestie.
La première moitié de ces Mémoires, celle où il conte sa vie d'aventurier avant son enrôlement dans la police, est captivante. Il sait parfaitement raconter ses mésaventures plus rocambolesques les unes que les autres et … vraiment incroyables, tant elles sont nombreuses et faites de coïncidences improbables. Tout ça dans une ambiance historique toujours passionnante à redécouvrir : la révolution française, la terreur, la chouannerie, les guerres impériales, l'institution du code civil, etc. Il a une écriture pleine de panache et avec un sens de la formule indéniable. Une première partie placée sous le signe de la liberté, car c'est son horreur de la prison qui l'oblige à vivre dans la clandestinité et parmi les malfrats. Pourtant il réprouve tous les agissements de ce peuple de voleurs et n'aspire qu'à vivre une vie honnête.
Il y arrivera finalement en jouant les agents doubles pour la police avec un succès inespéré puisque sa petite brigade arrêtera plus de voleurs que toute la police parisienne, qu'il juge incapable quand elle n'est pas corrompue. Outre sa capacité à se grimer, c'est surtout sa connaissance intime du milieu qui lui vaudra ses succès. Il se sert d'un argot qui a certainement beaucoup évolué mais dont le vocabulaire est parfois resté dans le langage courant. Même s'il tient toujours des discours moraux sur les hors-la-loi, on sent également une sorte de fascination pour les voleurs, pour leur mode de vie, leurs attitudes, leurs moeurs. Aussi, sans se faire d'illusions sur la nature humaine, il est plutôt libéral sur ses conceptions du crime, sur l'injustice sociale, sur la difficulté de réinsertion ou contre la peine de mort.
La deuxième moitié des Mémoires, dans laquelle il raconte l'organisation de la brigade de sûreté et où il tente une classification des différents voleurs, est plus monotone ; même s'il use toujours de la même verve dans les parties romancées. Un peu long sur la fin, on sent qu'il a tiré à la ligne. Ça n'enlève rien à l'ensemble, une grande source d'inspiration pour les futurs auteurs de romans policiers (des situations ou des personnages) et une véritable mine d'informations.
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