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Francis Lacassin (Éditeur scientifique)
EAN : 9782221080405
983 pages
Robert Laffont (24/03/1998)
3.6/5   5 notes
Résumé :
" Ah ! M. de Balzac, si j'avais votre bonne plume, quel roman je ferais de ma vie ! ". Ce propos prêté à E.F. Vidocq (1775-1857), ex-bagnard devenu chef de la police de sûreté, illustre le destin étonnant d'un contemporain de Napoléon et du fabuleux Louis XVII ressuscité sous les traits de Naundorf. Combattant à l'âge de dix-sept ans à Valmy et Jemmapes, capitaine de " l'armée roulante " (exclusivement composée de faux officiers), marchand-bonnetier entre deux incar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Qui était Vidocq ? Apprenti boulanger, employé de cirque, commerçant, pantomime, gardien de vache, sacristain, instituteur, commis d'apothicaire, sage-femme à l'occasion, cuistot s'il le faut, grand séducteur, marié, presque bigame, cocufié, adultère, divorcé, gigolo, escrimeur de talent, duelliste infatigable, blessé à plusieurs reprises, soldat dans l'armée française puis autrichienne, hussard, marin au service de la Hollande, mutin, corsaire, déserteur, voleur, receleur, contrebandier, accusé de meurtre, de falsification, bagnard, emprisonné un nombre incalculable de fois, évadé tout autant, agent double, détective, chef de la brigade de sûreté, gloire de la police française, écrivain à succès. Telle fut la vie simple et paisible de Vidocq ! Un peu mythomane, aussi ? En tout cas très doué pour forger et alimenter naïvement sa propre légende, sans le moindre soupçon de vraie ou fausse modestie.
La première moitié de ces Mémoires, celle où il conte sa vie d'aventurier avant son enrôlement dans la police, est captivante. Il sait parfaitement raconter ses mésaventures plus rocambolesques les unes que les autres et … vraiment incroyables, tant elles sont nombreuses et faites de coïncidences improbables. Tout ça dans une ambiance historique toujours passionnante à redécouvrir : la révolution française, la terreur, la chouannerie, les guerres impériales, l'institution du code civil, etc. Il a une écriture pleine de panache et avec un sens de la formule indéniable. Une première partie placée sous le signe de la liberté, car c'est son horreur de la prison qui l'oblige à vivre dans la clandestinité et parmi les malfrats. Pourtant il réprouve tous les agissements de ce peuple de voleurs et n'aspire qu'à vivre une vie honnête.
Il y arrivera finalement en jouant les agents doubles pour la police avec un succès inespéré puisque sa petite brigade arrêtera plus de voleurs que toute la police parisienne, qu'il juge incapable quand elle n'est pas corrompue. Outre sa capacité à se grimer, c'est surtout sa connaissance intime du milieu qui lui vaudra ses succès. Il se sert d'un argot qui a certainement beaucoup évolué mais dont le vocabulaire est parfois resté dans le langage courant. Même s'il tient toujours des discours moraux sur les hors-la-loi, on sent également une sorte de fascination pour les voleurs, pour leur mode de vie, leurs attitudes, leurs moeurs. Aussi, sans se faire d'illusions sur la nature humaine, il est plutôt libéral sur ses conceptions du crime, sur l'injustice sociale, sur la difficulté de réinsertion ou contre la peine de mort.
La deuxième moitié des Mémoires, dans laquelle il raconte l'organisation de la brigade de sûreté et où il tente une classification des différents voleurs, est plus monotone ; même s'il use toujours de la même verve dans les parties romancées. Un peu long sur la fin, on sent qu'il a tiré à la ligne. Ça n'enlève rien à l'ensemble, une grande source d'inspiration pour les futurs auteurs de romans policiers (des situations ou des personnages) et une véritable mine d'informations.
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Attention, ce billet ne parle ni du film de Pitof où Depardieu fait de la capoeira contre un alchimiste ni des séries télévisées avec ou sans Pierre Brasseur.

Vidocq, le bagnard devenu chef de la Brigade de Sûreté. Un mythe. Il a été aussi le précurseur des Pinkerton américains en montant une organisation d'agents privés plus efficace que la police française. Et à l'époque de Vidocq, on raconte tellement d'énormités sur ce personnage qu'il s'attèle à ses mémoires à la fin de sa carrière pour dire ses quatre vérités à l'opinion publique. Sauf que plusieurs teinturiers (le mot de l'époque pour notre "nègre" si détestable) vont mousser la biographie du monsieur pour la rendre plus vendable.

Qu'on se le dise, Vidocq est un bagnard, certes, mais c'est un homme épris de liberté. Jeune homme un peu impulsif ayant le duel un peu facile, il fait une brève carrière dans l'armée puis tombe entre les mains de la justice pour des petits délits qui vont entacher durablement sa réputation. Et quand en plus on l'accuse d'un crime imaginaire, il voit rouge et n'a plus qu'une idée en tête : s'évader coûte que coûte. Aussi durant les 300 premières pages de ces mémoires, le lecteur va-t-il enchaîner les évasions rocambolesques de Vidocq. Cent fois il prend la clef des champs mais cent fois les gendarmes lui remettent le grappin dessus. Il a beau multiplier les astuces, reprendre une vie honnête sous un faux-nom, se tenir éloigner des escarpes, rien n'y fait : on finit toujours par le rattraper et le remettre au violon pour purger une peine qu'il ne mérite pas.

La description des évasions est par moment très aventureuse tant Vidocq a de la suite dans les idées quand il s'agit de prendre la poudre d'escampette, mais le lecteur se fatigue de 300 pages où l'homme fait le va-et-vient entre la prison et l'errance. Car à part raconter ses échappées (parfois très audacieuses), l'homme passe le reste du texte à expliquer au lecteur à quel point il est un honnête homme obligé de côtoyer des crapules par la force des choses. Ça en devient même risible de lire Vidocq se justifier à longueur de pages sur sa vie de banditisme forcé. Pour un peu, on plaindrait cet homme obligé de vivre de larcins et d'entourloupes.

Et puis au bout de 300 pages, il trahit son monde et devient une balance pour la police. Il faut lui reconnaître un certain doigté dans l'arrivisme et le retournage de veste. À partir de là, sa connaissance du milieu et de méthodes de travail des turbineurs de l'arnaque et du crime vont lui permettre une ascension fulgurante dans les rangs des condés. Puis il fondera une compagnie de renseignements commerciaux (qui a dit espionnage industriel ?). Mais ça, le lecteur que je suis n'a pas eu le courage de le lire jusqu'au bout tant la moralité du personnage m'a débecté.

Qu'on s'entende bien, je me méfie autant des argousins que des coupe-jarrets. Aucun des deux camps ne peut prétendre pour moi avoir plus d'honneur que l'autre. Mais lire les justifications morales de Vidocq à la lourdeur pataude est assez agaçant pour l'intelligence. Car on ne me fera pas croire qu'il est aussi innocent qu'il le prétend. J'ai eu l'impression (peut être erronée) qu'il réécrivait sans cesse sa biographie pour justifier son parcours cahoteux. Vidocq a tellement été un précurseur à son époque que j'ai eu l'impression de lire le travail d'un relationniste. Et disons que je ne porte pas ce genre d'artifice dans mon coeur.

Reste un livre qui parle de la dure vie du mitard, de l'incertitude de la vie du malandrin. Vidocq et les plumes qui améliorent sa biographie racontent des choses épatantes sur des méfaits et des arnaques que ne renierait pas un Locke Lamora. D'ailleurs, le livre se termine sur un très intéressant dictionnaire du monde des malfrats. Mais de là à glorifier un Judas et à en faire le parangon d'une justice aussi crapoteuse que la lie de la rue qu'elle combat, c'est quelque chose que je me refuse à faire.

Au final, ce Vidocq par Vidocq ne me convainc pas. La France a tendance à faire de ses crapules des héros à révérer comme quand elle glorifie Mesrine. Et je n'aime pas quand on cherche à me faire poser un genou en terre devant un salaud lumineux (pour reprendre l'expression de Vergès).
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Peut-être trouvera-t-on que j'ai trop longtemps entretenu le public d ce qui ne m'était que personnel, mais il fallait bien que l'on sût par quelles vicissitudes j'ai dû passer pour devenir cet Hercule à qui il était réservé de purger la terre d'épouvantables monstres et de balayer l'étable d'Augias.
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Je n’attache pas à cet ouvrage plus d’importance qu’il n’en mérite ; je ne veux même point, pour me conformer à l’usage général, répéter ce que disait le célèbre Clément Marot, que le besoin d’un livre semblable à celui-ci était depuis long-temps vivement et généralement senti ; mais lorsque l’on parle sur le théâtre le langage des prisons et des bagnes, lorsque les assassins publient leurs Mémoires, et les voleurs leurs pensées intimes, le moment est opportun pour publier un Dictionnaire Argotique.

Clément Marot florissait sous le règne de François 1er ; il s’exprime ainsi dans la préface de la première édition des Poésies de Villon, qui fut publiée par ses soins.
Cependant, je dois le dire, ce livre n’a été écrit ni pour être l’objet d’une spéculation plus ou moins avantageuse, ni pour apprendre aux dandys et aux petites maîtresses la langue des assassins et des voleurs, assez d’autres avant moi se sont chargés de ce soin, et à l’heure qu’il est ces messieurs et ces dames entravent bigorne presqu’aussi bien qu’un émule de Cartouche ou de Mandrin.
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Videos de Vidocq (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Vidocq
#lempereurdeparis #bd #glenat
Sous le règne de Napoléon, François Vidocq, le seul homme à s'être échappé des plus grands bagnes du pays, est une légende des bas-fonds parisiens. Laissé pour mort après sa dernière évasion spectaculaire, l'ex-bagnard essaye de se faire oublier sous les traits d'un simple commerçant. Son passé le rattrape pourtant, et, après avoir été accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, il propose un marché au chef de la sûreté : il rejoint la police pour combattre la pègre, en échange de sa liberté. Malgré des résultats exceptionnels, il provoque l'hostilité de ses confrères policiers et la fureur des criminels qui ont mis sa tête à prix...
Disponible en librairie !
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