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Critique de ConfidencesLitteraires


Le titre est assez éloquent : cet essai parle d'un bout de l'histoire de la langue française, ces deux/trois siècles où certains intellectuels ont décidé de changer le français pour que notre langue reflète leur propre idéologie.
En effet, ce qu'on ne sait pas assez aujourd'hui, c'est que la règle « le masculin l'emporte sur le féminin » n'a pas toujours existé car on appliquait alors la règle de proximité (par exemple : « les belles bagues et colliers » mais « les beaux colliers et bagues »), que les tous les métiers avaient leur pendant féminin (autrice, peintresse…), que les participes présent s'accordaient en genre et en nombre (« étante présente, Emilie participe à la réunion »).
Mais que certains messieurs ont voulu changer tout ça à partir du 17ème siècle ! Et ça a fait l'objet de plusieurs polémiques – un peu comme l'écriture inclusive aujourd'hui.
Eliane Viennot fait plus que nous en parler : elle nous partage des extraits de textes de l'époque, que ce soit les mots des pro réforme ou ceux des personnes qui étaient contre, par féminisme ou plus souvent parce que ces changements n'étaient pas plaisants à l'oreille (c'est d'ailleurs amusant que cet argument ressorte aujourd'hui pour critiquer l'inverse !).

C'est un essai de 120 pages, court mais efficace. A la fois chronologiquement et thématiquement, on comprend comment la langue française a vraiment été masculinisée par force. Certes, le français ne connaît que deux genres, mais avant ce changement il n'était pas une langue sexiste. Les réformateurs ont fait plus que le masculiniser, ils l'ont même complexifié (en créant des règles illogiques, des exceptions…) et donc ainsi réservé le français correct à une élite.
Ce changement a pu se faire grâce aux institutions et à l'instruction. On a enseigné des règles qui n'étaient pas naturelles, comme si le français parlé avait été un dialecte et que petit à petit il avait disparu au profit du nouveau français masculinisé.
Et voilà que cette langue sexiste nous est devenue naturelle et que l'on n'envisage que difficilement de la féminiser, car « ça a toujours été comme ça ». Cet essai prouve que non, que le français n'a pas toujours été sexiste et qu'il est possible de le démasculiniser en revenant tout simplement à d'anciennes règles de grammaire et de lexique.

Désolée pour les réac' : la lecture de cet essai m'a encore plus indignée que je ne l'étais et m'a encore plus convaincue, si j'en avais besoin, de la nécessité d'écrire et de parler le plus possible un français féministe, car c'est possible.
Je parlerai donc de mes auteurs et autrices préférées, je m'adresserai parfois à vous au féminin car vous êtes une majorité de femmes à me lire et peut-être même que j'accorderai l'auxiliaire avoir en genre et en nombre même si le COD est placé après le verbe. Ça fera bizarre, on aura l'impression que je fais des fautes… mais c'est ma manière à moi de m'insurger contre les règles sexistes que la société nous inculque.

(et je viens de rédiger un post sur le forum... en accordant les participes présent ! C'est très étrange mais après tout, encore une fois, il n'y a pas de raison)
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