AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Foxfire


Les troubles du comportement alimentaire, et tout particulièrement l'anorexie, sont des maladies rares mais largement abordées par les médias quels qu'ils soient. On ne compte plus les articles, les reportages, les romans, les films mettant en scène un personnage souffrant de tels troubles. Mais, les traitements proposés par ces divers médias sont la plupart du temps ratés, et les malades ou ex-malades s'y reconnaissent rarement. Et je parle en connaissance de cause. Je souffre de troubles du comportement alimentaire depuis l'adolescence. Plus de 30 ans avec des pensées toxiques, des périodes de mieux et des rechutes, je pense pouvoir affirmer que je connais le sujet. J'ai vu et lu pas mal de choses sur ce thème et, le plus souvent, au mieux j'ai trouvé beaucoup d'erreurs dues à une méconnaissance et à de la maladresse, au pire, un traitement sensationnaliste affligeant qui aligne les clichés et les raccourcis. C'est donc avec une certaine méfiance que j'ai abordé ce « jours sans faim » de Delphine de Vigan, ma 1ère incursion dans l'oeuvre de l'auteure. Mes craintes ont très vite été balayées, ce récit est vraiment remarquable de justesse et de véracité.

Delphine de Vigan a vécu dans sa chair et son âme cette terrible maladie qu'est l'anorexie. Ca se voit dès les premières pages du bouquin. Entre malades, on se comprend… Certains ne verront pas la différence entre « Jours sans faim » et d'autres récits trash. Comme nombre de bouquins visant à racoler le lecteur, le livre de de Vigan évoque une jeune femme squelettique qui en est au point où doit être hospitalisée, et l'auteure n'édulcore pas les descriptions de ce corps supplicié par la dénutrition. Cependant, le traitement est radicalement différent. A aucun moment, l'auteure ne dit que cet état est synonyme d'anorexie, il s'agit là du bout du chemin, d'une extrémité que seules quelques rares personnes atteignent. De Vigan sait que l'anorexie commence bien avant, alors même que le corps ne porte pas encore les stigmates de la maladie. Elle ne résume pas la maladie à cette extrémité, elle la saisit dans toute sa complexité, dans toute son absurdité aussi, sans jamais céder à la facilité du spectaculaire, toujours en respectant la dignité des malades. Elle n'évoque finalement que brièvement le chemin qui mène à cette presque-mort, à travers des souvenirs du personnage. Ces passages sont absolument formidables et sont ceux que j'ai préférés dans le livre. J'aurais d'ailleurs aimé qu'elle développe davantage cet aspect qui est rarement abordé. Mais, l'auteure a voulu ici évoquer la longue et difficile épreuve de la guérison et je respecte son choix. D'autant plus que ce livre est aussi un vibrant témoignage de gratitude à celui qui l'a sauvée.

On pourrait penser qu'il est douloureux pour une personne concernée par cette maladie de lire un tel ouvrage. Pas vraiment. Bien sûr, c'est une lecture qui remue, mais douloureuse non. Car le fait de se sentir comprise dépasse largement l'aspect secouant de la lecture. C'est émouvant mais pas douloureux.

C'était ma 1ère lecture de Delphine de Vigan, une auteure qui ne m'attirait pas vraiment. Je l'ai lu uniquement pour son sujet. Et je dois dire que j'ai été vraiment séduite. Outre la maîtrise du sujet qu'elle aborde, son roman est très bien écrit, j'ai beaucoup aimé son écriture. Il est certain que je vais m'intéresser à d'autres de ses oeuvres. Si vous avez des suggestions…

Commenter  J’apprécie          345



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}