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Critique de Ziliz


Pour vivre heureux, vivons cachés.
C'est mon avis, qui ne fait pas l'unanimité à en juger par la multiplication des exhibitions télévisuelles ou sur internet, et du nombre d'aspirants à la célébrité - avec le fric et les paillettes associés.
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Certains rêvent de gloire, pour eux ou leur progéniture.
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Quand un adulte se lance dans l'aventure, c'est à ses risques et périls. Qu'importe d'avoir l'air c**, pourvu qu'on ait l'ivresse - encore faut-il posséder la maturité et la stabilité nécessaires pour anticiper la gueule de bois au réveil. J'ai une pensée attristée pour la gagnante du premier Loft Story, scotchée depuis vingt ans sur un chariot de montagnes russes bloquées sur 'ON'.
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Lorsque des mineurs sont jetés en pâture, c'est encore plus flippant.
Le phénomène n'est pas nouveau : enfants artistes ou sportifs, poussés par des parents persuadés d'avoir donné naissance à un prodige et/ou avides de gagner de l'argent avec le gamin. Je pense aux mères des 'petits rats' de l'opéra du XIXe siècle ('La petite danseuse', C. Laurens), prêtes à vendre leur fille prépubère à de vieux riches. On peut également citer une patineuse artistique des 80's, les frères Jackson, Britney Spears, Drew Barrymore qui incarna l'adorable blondinette dans 'E.T., l'Extraterrestre' (1982), parmi tant d'autres. Et on constate les dégâts quelques années ou décennies plus tard, les 'effondrements psychologiques' (comme dit l'auteur) de ces gens qui ont brûlé les étapes, perdu de précieuses années d'enfance, d'innocence, de jeu, d'ennui, etc.
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Ici, une jeune mère déçue par un coup de projecteur trop éphémère se met en scène avec son mari et leurs deux enfants, qui n'ont que trois et cinq ans au début de l'aventure. Ceci à une cadence infernale. Leur vie est scénarisée, leur quotidien adapté en vue de 'partages' sur les réseaux sociaux. Pour la gloire ? Pas seulement.
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L'intrigue se présente comme un polar, puisqu'il y a d'emblée une disparition et une enquête. En toile de fond, des sujets de société tels que l'exposition médiatique, les réseaux sociaux, la publicité, la profusion, le gaspillage, l'artifice... On retrouve ici des sujets récurrents chez Delphine de Vigan : famille (aimante/toxique), emprise parentale plus ou moins consciente/volontaire, sentiment de vacuité et mal-être. Mais aussi intimité dévoilée et dommages collatéraux (cf. 'D'après une histoire vraie', dans le prolongement de l'autofiction 'Rien ne s'oppose à la nuit').
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Parfaitement documenté, ce roman se lit tout seul - propre et net, sans esbrouffe. Ce style élégant et épuré met en évidence l'horreur de la situation, la folie de cet engrenage. J'ai eu besoin de pauses de temps en temps pour m'extraire de cet univers parallèle complètement dément, me demander si la mère est...
Mais... que celui qui n'a jamais posté, blogué, ne s'est jamais réjoui d'un 'like' lui jette la première pierre.
Que celui qui n'est pas accro à son ordi lui balance un caillou.
Que celui qui ne peut pas se passer trois jours de son téléphone lui envoie un grain de sable (ça, et seulement ça, je peux - en faisant gaffe aux yeux).
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... ♪♫ Kill the Kids ... ♪♫
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