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Critique de Takalirsa


Plongez dans un monde hors du temps, au coeur d'une communauté de forains.
Voilà un roman inclassable auquel on adhère, je pense, complètement ou pas du tout. J'ai été déstabilisée au début puis je me suis laissée porter par le côté poético-onirique de cette histoire entre conte et dystopie.

Dans le Pays des Trois Provinces, il y a les Sédentaires et les Ambulants qui, comme Grouzna la diseuse de bonne aventure ("Si l'on me tend l'oreille, je parle"), vont de foire en foire. Toute la vie de la jeune femme tient dans la roulotte qu'elle tire à la force des bras. Une vie faite de petits riens, de bonheurs simples mais précieux, car Grouzna "avance librement", sous la protection de ses quatre "Mères", sortes d'esprits qui la guident. Alfred, lui, a son manège, bâti de ses propres mains, et dont les animaux peints représentent bien plus que des objets inanimés ("L'éléphant le regardait avec un air préoccupé. Il s'apprêtait à redessiner le contour de son oeil quand l'animal lui transmit son idée").

Mais voilà que le roi, à la recherche d'un prestige dont il est dépourvu, décide d'assigner un territoire à chaque marchand ambulant. Pour les forains, c'est la catastrophe: "Ils ne peuvent plus vivre de leur travail". Et comment se fixer quelque part quand on a toujours vécu libre de ses mouvements? Pour eux, l'intention de Baryte Myrtale est claire: "Construire un monde dans lequel les ambulants, considérés comme une catégorie inférieure, n'existaient que pour le confort des sédentaires". Ça grogne parmi les forains, traversés d'un "mélange d'abattement et de colère". Certains se résignent, d'autres se retrouvent inscrits dans le Registre des Récalcitrants.

Grouzna fait partie des rebelles, mais sans agressivité: avec La Vieille et Julio Cartel, elle ruse et se cache pour échapper aux contrôles. Car ces ambulants solitaires vont petit à petit former un groupe solidaire dans l'adversité ("Ils avaient besoin de compagnons maintenant"). Ceux qui croisent leur route constituent une belle galerie de personnages et autant d'histoires à raconter. Mais on ne peut fuir longtemps ainsi... "On est trop naïfs, trop passifs! On se laisse dicter nos vies, on se cache comme des rats!". Les temps ont changé, la ruse et la patience ne suffisent plus, "désormais il faut se battre et choisir son camp". Il faudra prendre des décisions, faire des concessions, "affronter l'avenir avec plus de force" car "tout valait mieux qu'être privé de ses droits"... y compris la mort. Mais Grouzna et les siens en sont persuadés: "Ensemble, et libres, ils pourraient tout affronter".
Lien : https://www.takalirsa.fr/si-..
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