Son cabinet secret nous permet aujourd’hui de mieux colorer le panorama des dernières années de son premier séjour parisien et d’y trouver une humanité charnelle qu’il cherchera ensuite pendant plus de soixante ans à maitriser, camoufler et sublimer dans ses magnifiques marmoréens, froids et silencieux, immobiles, admirés sans être jamais touchés, caressés des yeux et du pinceau, mais à tout jamais respectable
On doit voir dans ces plaisants dessins une part de l’humanité d’un peintre souvent trop dissimulé derrière la toile et la peinture de ses tableaux.
La jeunesse d’Ingres – car ces dessins surprenants ne peuvent effectivement que dater de sa période de formation artistique, tant par leur style, leur nombre, leur modestie que par le soin apporté à la plupart d’entre eux – peut expliquer une étonnante, et sans doute très courte période occupée à copier quelques érotiques anciens et modernes.
Recopier des gravures érotiques n’a jamais transformé les feuilles obtenues en pages de missel…
Ainsi les magnifiques femmes de ses portraits, tant peints que dessinés, seraient tout à la fois des être désirables et des statues couvertes d’un épiderme parfaitement impalpable.
Les premiers dissertent sur la souplesse ondulante de son dessin, les seconds sur les déformations anatomiques de ses figures, indice d’une attention trop cérébrale et presque manique accordée aux détails au détriment de la vision d’ensemble.