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Critique de chapochapi


(attention, ce résumé résume l'ensemble de l'intrigue)

Le grand Alfred, fervent défenseur de la cause monarchique, n'a pas manqué, presque vingt ans avant Dumas, de raconter la France sous Richelieu. Mais lorsque le romancier de cape et d'épée met en oeuvre bataille, humour et course contre la montre dans son épopée, l'auteur romantique prend une toute autre direction, sacralisant les grands noms de la noblesse qui tentèrent de sauver la France du vilain cardinal de Richelieu. Vigny décide donc de mettre en scène le crépuscule de ce dernier, lorsque son pouvoir, son ambition (méchant nom pour la noblesse) et les hésitations du roi à l'égard de son premier ministre rendaient celui-ci encore plus méfiant et dangereux qu'auparavant.

Le jeune Henri d'Effiat, marquis de Cinq Mars, est pale, pensif voire mélancolique, révolté sous des airs tranquilles, aimé d'une jeune personne, la princesse de Mantoue, destinée à de plus grands que lui. Au début, partisan discret du roi contre Richelieu, il en vient rapidement à se montrer sanguin contre l'injustice du cardinal. Avec son ami de Thoue, ainsi que d'autres grands noms qui feront honneur à sa bonne mine, à sa sagesse et à toutes ses autres qualités, le jeune Henri ne va pas manquer d'attirer l'attention du roi. Richelieu se méfie de ce jeune premier qu'il devine intelligent et décide de se l'attacher ou de le perdre. Une prophétie plus tard, Cinq Mars sent déjà poindre sa perte. Mais l'amitié du roi lui permet d'obtenir de hautes responsabilités et d'espérer une pairie qui lui permettrait d'épouser Marie, princesse de Mantoue, à laquelle il se fiance en secret. Il devient Grand Ecuyer du roi, grand favori et un grand danger pour Richelieu. Ce dernier ne cesse de décliner mais ses pouvoirs restent intacts sur un roi faible, versatile et pusillanime face à ses responsabilités. le portrait du roi n'est d'ailleurs pas aussi tendre qu'on pourrait le penser pour un royaliste comme Vigny et le marquis de Cinq Mars, qui paye la couardise du monarque défendu, ne manque pas d'accuser le roi de l'avoir abandonné. La fin est attendue car c'est un fragment d'histoire et c'est une oeuvre romantique : Cinq Mars mourra, ainsi que le tendre, le sage, le doux de Thoue, son ami depuis toujours. Ils iront même jusqu'à se rendre, une fois la conspiration contre Richelieu découverte, pour mieux mourir : le premier par fierté, le second par piété (fierté du martyre).

Tous les éléments romantiques figurent dans ce roman qui devient un archétype de ce mouvement culturel : histoire nationale ; personnages identifiables à la première description (pâleur, nostalgie, amour secret pour les lieux retirés, noblesse de caractère, révolte et personnage prêt à l'action comme à l'amour, forcément difficile voire inaccessible) ; jeu, sinon délire, prémonitoire qui déterminera la destinée des deux protagonistes ; nature à l'image des sentiments ; amour discret mais qui dicte sa conduite au personnage.
C'est, à mon sens, pour cette raison qu'il faut lire cet ouvrage qui ne s'embarrasse pas des faits historiques et qui idéalise le dernier conspirateur contre Richelieu. Cinq Mars n'est donc ambitieux que par amour, sa prétention à la pairie et à la Princesse de Mantoue viennent d'un amour longtemps caché au roi, son éloignement du monarque vient de ce qu'il aspire à plus de pouvoir pour son souverain (moins d'emprise du cardinal) et ses visites à Marion Delorme n'ont d'autres buts que de rencontrer les dissidents, certainement pas de visiter cette gourgandine de luxe.
Si on est prêt à accepter ces caractéristiques, Cinq Mars n'est pas une lecture déplaisante.
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