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Critique de larmordbm


Ordesa, c'est le récit par Manuel Vilas d'une douleur intense, d'un deuil impossible, d'une dépression après un divorce et la mort de ses deux parents.
Il nous offre une variation infinie, en boucle, autour de la mort, sous toutes ses formes et ses temporalités, assortie de fulgurances poétiques et philosophiques qui traversent l'ensemble du texte.
Il inscrit son récit autobiographique dans le contexte historique de l'Espagne franquiste, une Espagne pauvre qu'il décrit comme "arriérée" sur bien des plans et où on tente de s'élever socialement par l'achat de biens de consommation.
Le plus touchant et le plus intéressant dans cette démarche hors norme, est le portrait que Manuel Vilas brosse de ses parents. Il voue une admiration sans borne et un amour éperdu à son père et à sa mère, qu'il décrit comme des personnes un peu extravagantes qui ont essayé de rompre leur destinée sociale, en coupant les ponts avec leurs lignées familiales et en s'inventant une vie. D'après lui ses parents sont nés selon la théorie de la génération spontanée, sans ancêtres, sans histoire familiale.
L'auteur dresse le tableau saisissant d'une société qui, dans les années 50, a cru se réaliser en achetant des voitures, en portant de beaux vêtements et dans laquelle on évitait d'exprimer ses sentiments.
Dans Ordesa, Manuel Vilas prend le contrepied et nous fait cheminer avec empathie dans un torrent d'émotions et d'amour filial et parental.
Chacun des personnages est doté d'un nom de musicien classique. Cette petite touche poétique apporte un peu de légèreté, de distanciation, voire de cocasserie à ce livre bien sombre.
Je me suis laissée emporter très facilement dans ce maelstrom, dans ce déluge composé de 157 fragments accompagnés de poèmes.
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