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Critique de MaminouG


En troquant "La belle lumière" pour "Les ciels furieux", Angélique Villeneuve a certes changé de continent, de personnages, quelque peu de siècle, et d'environnement, bien sûr, mais elle conserve ce désir de luminosité et, encore une fois, au milieu des ténèbres, distille cette petite lueur que l'on appelle l'espoir.

Cette fois, il s'agit de l'histoire d'une petite fille au joli prénom : Henni. Elle a huit ans et vit avec sa famille dans la Zone de Résidence dédiée aux Juifs, dans une maison d'un village quelque part à l'Est de l'Europe. Sa soeur Zelda, son modèle, sa mère quasi inexistante, son père qu'elle adore et ses petits frères dont les filles s'occupent vivent là, avec elle, tranquilles. Tranquilles jusqu'à ce soir-là, en plein hiver, où des hommes furieux l'envahissent pour casser, piller, tuer, comme ils l'ont déjà fait et le feront encore. Une partie de la fratrie réussit malgré tout à s'enfuir.

Angélique Villeneuve a ce talent remarquable de se mettre dans la tête de cette petite fille si jeune et de nous plonger au coeur même de l'enfance. Toutes ses réactions, ses pensées, ses réflexions sont superbement retranscrites. "L'espace d'un moment, on est Khaya qui court, dérapant dans la boue de neige, et ça coupe la respiration." Dit Henni en voyant cette jeune fille qui détale pour échapper, elle aussi, aux soldats. Et moi, j'ai eu, tout au long de ma lecture l'impression d'être elle, Henni, d'avoir peur, froid, d'entendre "le père" me susurrer des mots de réconfort, et puis il y a les chiens…"Bien sûr qu'on pense aux chiens. Tout est là pour qu'on y revienne, et que ça morde. Les deux hommes aboyeurs, la fratrie assaillie… En réalité, on ne sait pas combien de temps ça va prendre pour arrêter d'écouter les chiens."

L'auteure est une vraie magicienne qui parvient à transformer le noir en bleu. Son écriture est recherchée, poétique, musicale, imagée et puissante. Elle mêle tout à la fois l'effroi et la solitude, l'imaginaire et le réel, les arbres de la forêt et les animaux. On suit le périple d'Henni qui avance, avec courage, réflexion – à hauteur de ses huit ans – et détermination. On pleure et on espère.

"Les ciels furieux", est un roman que l'on ne peut oublier, une petite fille que l'on garde au creux de ses bras, et une histoire capable de raconter les horreurs de l'Histoire tout en gardant quelque part une bribe d'espérance.

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