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Critique de fifloche


J'avais coché tellement de titres, lors de cette 2e Masse critique à laquelle j'ai participé, que lorsque j'ai reçu le mail me prévenant de l'arrivée prochaine de ces "Poupées de Nijar", j'étais bien en peine de me rappeler quelle était son intrigue. Au lieu de me précipiter sur mon PC, j'ai préféré garder la surprise jusqu'à réception. Et la surprise fut excellente !
D'abord, l'éditeur : le Diable Vauvert, qui non seulement ne m'a jamais déçue, mais m'a toujours fait découvrir un auteur, un cadre, une histoire inédits, ce qui fut encore le cas avec ce titre. Je tiens d'ailleurs à les remercier pour cet envoi, ainsi que Babelio bien évidemment.
Ensuite, l'histoire, dont l'action se déroule en Andalousie, au coeur de la mer de plastique (en 3 mots, quoique...), une hérésie économique, écologique, humaine, sociale. Sujet qui a tout mon intérêt depuis que j'ai découvert son existence. Pour ceux qui l'ignorent, cette mer de plastique est le nom de ces hectares espagnols recouverts de serres où sont "cultivés" par des sans-papiers exploités des tonnes de fruits et légumes qui inondent en toute saison les étals européens, tout ça pour que le premier crétin venu puisse bouffer des fraises ou une salade de tomates en plein hiver en engraissant quelques exploiteurs de l'agroalimentaire.
Enfin, l'auteur, un inconnu pour moi, et dont j'ai apprécié le style dès les premiers mots, âpres, sans concession. Ses personnages cabossés ne cherchent pas à être sympathiques, ils sont justes ordinaires, profondément humains, avec tout ce que ça recouvre de failles, de faiblesses, de défauts. Des personnages qui n'auraient pas leur place dans un blockbuster hollywoodien, et c'est justement ce qui fait leur intérêt.
Alors, bien sûr, cette mer de plastique se révèle vite n'être qu'un décor - légère déception-, pour le véritable sujet de l'intrigue : les bébés volés du franquisme (autre de mes centres d'intérêt découvert récemment) et là, envolée la déception !
Ce roman divisé en 4 parties est extrêmement bien construit. Ca n'est pas un page-turner. Ne vous méprenez pas : il est plein de tension, on a envie de savoir la suite malgré le sommeil qui insiste pour prendre la place et hâte de le reprendre à la première occasion, d'ailleurs je l'ai lu en 3 jours. Ce que je veux dire, c'est qu'il se déguste, qu'on y revient en arrière pour étayer sa propre enquête, vérifier si ce personnage des années 50 pourrait être celui qui… de nos jours… Et contrairement aux page-turners, ce récit s'inscrit profondément en son lecteur, il le marque, le trouble, le sidère, tant par son fond que par sa forme.
Vous l'aurez compris : ici, pas de sensationnel, de héros trompe-la-mort qui survit à une attaque nucléaire, de retournement spectaculaire à chaque fin de chapitre, de montagnes russes émotionnelles. Non, c'est bien plus subtil, bien plus diffus, une histoire tristement humaine et sociale, un questionnement sur ce monde devenu fou, sur les conséquences de l'Histoire et les destins de ceux qui l'ont faite, ou subie, ces moments où chacun peut être à la fois victime et bourreau, et ces foutus jugements, tellement impossibles.
Ce livre a été une formidable découverte, je l'ai infiniment aimé et apprécié, merci encore le Diable Vauvert ! Et je vous invite à le découvrir au plus vite, il le mérite, vous ne le regretterez pas.
Et pour finir, une question à Gilles Vincent : Roberto et Juan Pedro seraient-ils, par hasard, nés à Carabanchel et frères de […] ?
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